L’Antarctique ou le balcon du monde

Voyage au Pôle Sud, du réalisateur Luc Jacquet, sort en salles ce 20 décembre 2023 : la directrice éditoriale de Sciences et Avenir - La Recherche Dominique Leglu célèbre ce nouveau film de l'auteur de La Marche de l'empereur, sorte "d'évasion intime".

"Les manchots empereurs... Je suis bouleversé de les retrouver là, comme ça. Quel privilège !" Luc Jacquet, oscarisé en 2006 pour son film La Marche de l’empereur revient en Antarctique. Mais attention, son Voyage au Pôle Sud n’a rien d’un film animalier et tout de l’évasion intime.

"Everest horizontal"

Amateurs de noir et blanc, ces 83 minutes contemplatives sont pour vous, qui souhaitent la "bienvenue dans le royaume des glaces où la vie prend une tournure poétique". Les gigantesques glaciers sont somptueux, les reflets d’une limpidité ensorcelante, ce monde minéral tel "un mont Everest horizontal" déploie une splendeur qui a de quoi "affoler la raison des hommes". Le commentaire du réalisateur dit tout haut son amour des lieux, la musique originale son respect du grandiose (1).

Quand le film fut présenté en avant-première en début d’automne, il portait encore le titre charmeur de "Continent magnétique". Car la fascination qu’exerce le continent blanc est telle - l’"Antarctic bite" (morsure de l’Antarctique) ressenti par les explorateurs - qu’il semble exiger qu’on y retourne, comme si son magnétisme jetait un sortilège : "Mon seul désir, revenir" dit Luc Jacquet, comme envoûté...

Le réalisateur a passé quatre ans cumulés en ces lieux qu’il fréquente depuis trente ans : "Ils nous attirent comme la lumière attire les lucioles. La première fois j’avais 23 ans et aujourd’hui mes cheveux sont gris".

Rendez-vous cosmique

Bien sûr, il y a quelques moments de vie animale, plus tapageurs que les soupirs des icebergs. En un joyeux brouhaha, des "manchots papous comme des gamins en voyage scolaire" se précipitent vers le rivage, sans peur de l’humain qui ne les a pas attaqués en ces contrées lointaines.

De superbes albatros, au large du Cap Horn, entament des vols vertigineux quand un phoque se réchauffe au soleil du grand sud. La vie est là, aussi. Mais ce voyage en Antarctique tient surtout du rendez-vous cosmique, en un univers fantastique où "se libère le regard et s’en[...]

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