L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi à l’épreuve du départ de Carlos Ghosn

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans les milieux économiques et politiques. Soupçonné d’avoir dissimulé la moitié de ses revenus au fisc japonais entre 2011 et 2015, Carlos Ghosn, l’un des titans de l’industrie automobile, a été arrêté lundi à Tokyo. Nissan et Mitsubishi ont immédiatement annoncé son renvoi, tandis que Renault réunira son conseil d’administration “au plus vite” pour décider de son sort.

La chute brutale de l’un des capitaines d’industrie les plus puissants au monde n’est pas sans conséquences pour les entreprises qu’il dirigeait, et le journal professionnel Automotive News se demande, à l’unisson de nombreux analystes : “L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi peut-elle survivre sans lui ?”

Carlos Ghosn, 64 ans, était incontestablement le ciment de l’alliance, née du rapprochement du français Renault et du japonais Nissan, comme le souligne le Financial Times. “Inlassable voyageur, le grand patron comblait le fossé culturel et géographique entre les deux groupes, en les rapprochant et en les transformant en l’un des plus grands constructeurs automobiles du monde”, écrit le quotidien économique.

“L’alliance, qui inclut Mitsubishi depuis 2016, a redessiné une grande partie de l’industrie, en lançant de nouveaux segments de produits et en investissant dans les voitures électriques des années avant ses concurrents”, ajoute le journal.

La Nikkei Asian Review remarque que “Ghosn a essayé de renforcer la coopération, tout en maintenant l’indépendance de chaque entreprise. Avec une nouvelle direction, cette dynamique pourrait changer.” Et l’hebdomadaire économique japonais d’ajouter : “À une époque où l’alliance est plus que jamais nécessaire face aux changements rapides dans l’industrie automobile, avec les véhicules autonomes et les technologies électriques, le groupe va devoir trouver son chemin sans leader.”

La chute de Carlos Ghosn pourrait également mettre un frein aux espoirs de certains de voir les trois entités fusionner véritablement – elles ne partagent pour l’instant que des participations croisées et non majoritaires. L’agence Bloomberg cite un analyste londonien selon lequel “l’intégration entre les (trois) entreprises, ou même l’espoir d’une fusion totale dans l’avenir, vient juste de faire un grand pas en arrière”.

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