L’Allemagne ose le mot qui fâche

Au Bundestag en janvier.

Malgré l’influence d’Ankara, Berlin doit officiellement reconnaître le génocide arménien ce vendredi.

L’embarras de Berlin est criant. Il aura fallu un week-end de tractations intenses entre groupes parlementaires, chancellerie, ministère des Affaires étrangères et présidence de la République pour que le gouvernement accouche d’un projet de résolution qui sera adopté vendredi par le Bundestag et qui qualifiera pour la première fois de «génocide» le massacre des Arméniens. Selon la résolution, leur destin«est exemplaire de l’histoire des destructions de masse, des purifications ethniques, des déplacements de populations et des génocides qui ont marqué le XXe siècle d’une façon si effroyable. Sachant que nous sommes conscients du caractère unique de l’Holocauste dont l’Allemagne porte la culpabilité et la responsabilité».

Cette reconnaissance tardive marque l’aboutissement d’un long processus. En 2005, le Bundestag «s’excuse» dans une première résolution pour le rôle joué par Berlin lors des «événements» de 1915. Le mot «génocide» n’est alors pas prononcé. «L’Allemagne a toujours détourné le regard de la question arménienne, explique la politologue Ayata Bilgin, de l’Université libre de Berlin. Au sens propre du terme, quand, en 1915, les officiers allemands présents sur place étaient les premiers témoins du drame et avaient fermé les yeux. Et, depuis, en refusant jusqu’à aujourd’hui de qualifier le massacre de génocide pour éviter de compromettre des relations historiques entretenues d’abord avec l’Empire ottoman, puis avec la Turquie, important partenaire économique, politique, diplomatique de Berlin…»

La présence de 3 millions de Turcs en Allemagne, dont quantité de nationalistes - pour une infime minorité d’Arméniens - explique aussi ce long silence. «Ankara est aussi très actif à l’étranger pour lutter contre la reconnaissance du génocide, notamment dans les pays comptant une forte minorité turque», souligne Ayata Bilgin. En 2011, l’université de Stuttgart a même (...)

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L'Allemagne reconnaît sa «coresponsabilité» dans le génocide arménien
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Repères : Génocide arménien
L'essentiel : Génocide arménien
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