L’Allemagne défend son plan de soutien face aux critiques européennes

Le plan national de soutien de 200 milliards d'euros annoncé par l'Allemagne pour faire face à la crise énergétique provoque la colère de ses partenaires européens. La question était au centre des discussions de la réunion mardi à Luxembourg des 27 ministres des Finances.

Les critiques font valoir que Berlin utilise sa puissance économique pour sauver ses entreprises aux dépens des pays membres qui ne disposent pas des mêmes capacités financières. Certaines capitales s'interrogent même sur une possible violation des règles en matière d'aide d'Etat. En des termes plus diplomatiques, les Commissaires européens en charge du Marché intérieur et de l’Economie disent préférer une approche harmonisée.

"Si nous voulons éviter une fragmentation et faire face à la crise, je pense que nous avons besoin d'un plus haut niveau de solidarité et nous devons mettre en place d'avantage d'outils en commun", explique Paolo Gentiloni, Commissaire européen à l’Economie.

Mais le chancelier allemand défend son bouclier. Olaf Scholz assure que ce dispositif est justifié et qu'il faut prendre en compte la taille et la vulnérabilité de l'économie allemande.

"Les mesures qui sont mises en place sont destinées à apporter un soutien financier en 2023 et 2024, donc ce n'est pas seulement pour une petite période prévue pour cette année", insiste le responsable allemand.

Le plan, dont les détails ne sont pas encore connus, pourrait en principe être comparable aux paquets adoptés ces derniers mois par d'autres Etats membres comme l'Espagne et le Portugal. Toutefois, l'ampleur du dispositif annoncé par le gouvernement allemand devrait dépasser toutes les autres mesures nationales prises par les partenaires européens.

"Je vois un grand risque de fragmentation, car 200 milliards d'euros de subvention c'est une somme énorme, cela donne un réel avantage pour les entreprises allemandes et les consommateurs, que les autres pays ne peuvent pas fournir", explique Philipp Lausberg, analyste au European Policy Centre.

Selon lui, cette annonce va à l’encontre du marché unique.

Ce plan de sauvetage pourrait avoir un effet sur l'ensemble de l'économie européenne et pourrait entraîner éventuellement une course aux subventions entre les 27 avec pour conséquence une nouvelle crise de la dette. Ce serait alors le scénario catastrophe dont personne ne veut, et qui pourrait se retourner, au bout du compte, contre l'Allemagne.