L’Afrique du Sud rend hommage à Peter Magubane, “géant du photojournalisme” témoin de l’apartheid

“On se souviendra de lui comme quelqu’un de courageux et un sacrément bon photographe”. C’est par ces mots de son ami Omar Badsha que le média sud-africain News24 ouvre son hommage au photographe Peter Magubane, décédé le 1er janvier à l’âge de 91 ans.

“Un géant dans le monde du photojournalisme”, rappelle le Forum des éditeurs sud-africains, un syndicat de journalistes. Peter Magubane fut l’un des rares photographes noirs à chroniquer la vie dans les townships pendant l’apartheid.

Dans le township de Soweto en particulier, il immortalise les émeutes lycéennes de 1976, qui feront plus de 500 morts. Les images de la répression marquent un tournant dans la condamnation du régime raciste sud-africain par la communauté internationale.

“Les cruautés de la domination blanche”

Mais l’un des clichés les plus célèbres de Peter Magubane est une image plus subtile. Reproduite par le New York Times, elle montre une petite fille blanche assise sur un banc marqué d’un écriteau “Européens uniquement”, en 1956 dans un quartier huppé de Johannesburg. Derrière elle, assise de l’autre côté du banc, une nounou noire lui brosse les cheveux.

“Il a documenté les cruautés de la domination blanche en Afrique du Sud et il en a payé le prix, endurant des passages à tabac et 586 jours d’affilée en isolement cellulaire”, résume le quotidien new-yorkais dans une longue nécrologie.

L’épisode de son emprisonnement est également évoqué par News24, qui précise que le photographe a été arrêté alors qu’il photographiait des manifestants devant une prison où plusieurs activistes antiapartheid étaient détenus, en 1969.

“Tout au long des années d’oppression de l’apartheid, il a été victime de harcèlement, de passages à tabac, de blessures par balle et de périodes prolongées d’interrogatoire et de détention. Fait remarquable, il a survécu à 17 balles tirées lors des funérailles d’un étudiant”, insiste le Forum des éditeurs sud-africains, cité par le Sunday Times.

“Méthodes créatives pour capturer la vérité”

“La résistance de Magubane était non seulement évidente dans ses actions, mais aussi dans ses méthodes créatives pour capturer la vérité”, poursuit le syndicat. Dans un communiqué cité par l’hebdomadaire sud-africain, l’association raconte que le photographe dissimulait régulièrement son appareil photo dans un carton de lait, une miche de pain ou une bible évidée, déclenchant la prise de vue grâce à un câble caché dans sa poche.

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