L’Afrique du Sud a accueilli secrètement un avion russe, attisant les tensions avec l’Occident

“Avec un sens du timing impeccable, écrit non sans ironie le Daily Maverick, l’Afrique du Sud a autorisé un avion-cargo russe, sanctionné par les États-Unis pour avoir transporté des armes russes, à atterrir sur sa base aérienne de Waterkloof, alors même que les envoyés spéciaux du président Ramaphosa se préparaient à se rendre à Washington pour appeler les États-Unis à ne pas dégrader les relations commerciales avec leur pays.”

Le journal de Johannesburg Business Day a révélé, le 4 mai, la visite “furtive” de cet appareil, qui remonte au 24 avril. Une information d’autant plus gênante, souligne le Daily Maverick, qu’elle a été publiée alors que le conseiller à la sécurité nationale du président sud-africain, Sydney Mufamadi, rencontrait de hauts responsables à Washington.

Ce déplacement visait notamment à “persuader les États-Unis que l’Afrique du Sud est neutre et non pas alignée sur la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine”, explique le média en ligne.

Une information qui tombe mal

Car la diplomatie sud-africaine ne plaît guère aux Occidentaux, depuis le refus répété de condamner l’invasion de l’Ukraine dans les instances internationales jusqu’à un exercice naval conjoint mené avec la Russie et la Chine au large des côtes sud-africaines en février, en passant par le présumé arrimage en décembre d’un navire à la cargaison inconnue, rappelle Business Day. La possible venue du président russe, Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, pour le sommet des Brics, en août prochain, risque de provoquer de nouveaux remous.

Dans le collimateur de Washington, l’Afrique du Sud cherche à préserver les avantages commerciaux dont elle bénéficie aux États-Unis, en vertu de la loi sur le développement et les perspectives économiques africaines (Agoa, en anglais). Un programme qui permet d’exempter de droits de douane des biens importés aux États-Unis de pays d’Afrique subsaharienne.

De ce point de vue, la révélation sur l’avion-cargo tombe mal. Si un porte-parole de l’armée sud-africaine a assuré qu’il ne s’agissait que de livrer du “courrier diplomatique” à l’ambassade russe à Pretoria, cette explication n’a pas convaincu tout le monde, observe le Daily Maverick. Jim Risch, élu au Sénat des États-Unis et membre de la Commission sur les affaires étrangères, a ainsi twitté : “Les États-Unis devraient prendre des mesures pour répondre à ces menaces directes contre nos intérêts.”

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