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Ce que l’ADN des pieuvres nous apprend sur la fonte des glaces en Antarctique

De nombreuses inconnues subsistent quant aux conséquences du dérèglement climatique, notamment au sujet de la capacité de certains territoires gelés à résister à de telles modifications de températures. L’Antarctique de l’Ouest est une des zones mal connues susceptibles d’avoir un impact énorme sur le niveau des océans, si elle venait à fondre complètement. Dans un article non relu par des pairs et publié sur la plateforme bioRχiv, une équipe interdisciplinaire internationale a apporté une preuve indirecte du comportement de la calotte de glace antarctique lors de périodes interglaciaires passées.

Pour tenter de savoir si l’Antarctique de l’Ouest avait fondu lors de la dernière période interglaciaire, il y a 125 000 ans, lors de laquelle les températures étaient proches de celles que nous connaissons aujourd’hui, les chercheurs ne se sont pas penchés sur des données paléo-climatiques ou géologiques. Ils ont préféré fouiller l’ADN de Pareledone turqueti, une pieuvre autochtone.

“Les échantillons génétiques ont été prélevés sur 96 individus sur les trente dernières années”, apprend-on dans The Guardian. Cet ADN peut être considéré comme un registre d’événements passés notables, comme l’hybridation entre deux espèces qui implique un échange de matériel génétique. C’est exactement ce que les scientifiques ont détecté.

“Il y a 125 000 ans, des populations de pieuvres qui évoluaient des deux côtés de la péninsule antarctique se sont mélangées, écrit The Guardian. Avec comme seul point de passage probable une voie sous-marine, reliant le sud de la mer de Weddell et le nord de la mer de Ross.” Cette rencontre “n’a pu se faire que si ce passage était libre de glace et par conséquent si la calotte glaciaire s’est totalement effondrée”, précise Sally Lau, généticienne à l’université James Cook (Australie), qui a dirigé l’étude.

Cette découverte offre un aperçu clair de ce qui pourrait arriver à l’Antarctique de l’Ouest dans un contexte climatique comme le nôtre. “La perte de cette calotte glaciaire aurait de graves conséquences pour la planète entière”, déclare dans The Guardian Nathan Bindoff, océanographe et expert de l’Antarctique à l’université de Tasmanie (Australie), qui n’a pas participé aux travaux. Sachant que, durant la dernière période interglaciaire, le niveau des océans était 5 à 10 mètres plus élevé qu’aujourd’hui, cette nouvelle étude réduit le champ des incertitudes quant à l’avenir de nos plages préférées d’ici à quelques siècles.

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