«L’accord d’Alger ouvre un boulevard à la partition du Mali»

Questions à Tiébilé Dramé ex-ministre des Affaires étrangères du Mali

Le Malien Tiébilé Dramé, 58 ans, ancien ministre des Affaires étrangères et président du Parti pour la renaissance nationale, pointe les risques et les conséquences de l’accord d’Alger conclu jeudi, après huit mois de négociation, entre le pouvoir central et les groupes armés. Ces derniers étaient cependant absents de la signature officielle à Bamako le lendemain.

Le diable se cachant dans les détails : où se cache-t-il dans cet accord d’Alger ?

D’abord, l’absence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui a paraphé jeudi mais pas signé vendredi, en fragilise déjà la valeur. Surtout, cet accord nous fait entrer, à notre insu, dans un nouveau régime institutionnel, celui des régions-Etats [trois actuellement, Gao, Kidal, Tombouctou, ndlr] disposant de pouvoirs étendus et dirigées par un hyper-Président. Ce dernier sera élu au suffrage universel direct. Il sera à la fois président de l’assemblée régionale, président de l’exécutif régional et chef de l’administration de la région-Etat. Il cumulera l’exécutif et le législatif. C’est un pouvoir considérable.

Quels en seraient les dangers ?

Dans un pays en crise profonde, dans un Nord-Mali caractérisé par une polarisation ethnique et communautaire, un mode de scrutin sans proportionnelle n’encourage pas le partage et la négociation. Ce mode réunit une concentration excessive des pouvoirs. Il contient les germes de nouvelles frustrations et de nouveaux conflits qu’un accord de paix aurait du, hélas, prévoir.

Vous parliez la semaine dernière de «ferments» de la partition du pays. En voyez-vous un ?

Dans le contexte d’un Etat central affaibli et dont le crédit s’est érodé aux yeux des populations, le mode d’élection du président de région et la concentration de pouvoirs renforceront les tendances centrifuges. C’est une autonomie de fait qui ouvre un boulevard vers la partition.

Quelles sont les causes profondes de la «déconstruction» du pays (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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