Pour l’Aïd, ces humanitaires espèrent l’ouverture du poste-frontière de Rafah pour envoyer de l’aide à Gaza
En ce week-end de l’Aïd el-Kébir, l’ONG Secours Islamique France a l’espoir de faire entrer des camions de nourriture à Gaza, où une crise alimentaire et sanitaire fait rage.
Sera-t-il possible d’aider les Palestiniens de Gaza au moment de l’Aïd el-Kébir, fête particulièrement importante pour les musulmans ? « Depuis que la fermeture du point de passage entre l’Égypte et Gaza, c’est compliqué », explique Anthony Yatkins, porte-parole de Secours Islamique France. Maraudes, distributions alimentaires, missions d’urgence… cette ONG de solidarité nationale et internationale indépendante implantée à Massy (94) développe des actions humanitaires sur le sol hexagonal et dans une vingtaine de pays dans le monde.
« Palestinienne en France, j’ai peur tous les jours pour la vie de ma famille à Gaza » - Témoignage
« L’Aïd, qui débute dimanche, c’est une de nos périodes de collecte principales », affirme le porte-parole, soulignant le lien entre période de fêtes et augmentation des dons des particuliers. De quoi financer des repas plus festifs et plus d’aide pour ceux qui en ont besoin - notamment sur la bande de Gaza, où la guerre se cumule à une crise alimentaire et sanitaire. Le directeur de mission internationale pour le Secours Islamique France, Adel Kaddum actuellement à la frontière entre l’Égypte et Rafah, en a témoigné auprès du HuffPost.
Des aides humanitaires en attente
« En ce moment, nous préparons des colis de nourriture et de viande pour l’Aïd. Nous voulons distribuer cette nourriture à nos bénéficiaires, notamment 4 500 orphelins dans la bande de Gaza. » Adel Kaddum. Mais pour les équipes de l’ONG, il est pour l’instant impossible de passer le poste-frontière de Rafah.
« Depuis l’opération militaire à Rafah, le point de passage est fermé et nous n’avons rien pu faire rentrer à Gaza, raconte-t-il. Pourtant, il y a environ dix jours, un accord a eu lieu pour laisser passer les aides humanitaires, mais les choses avancent très lentement et s’accompagnent de difficultés et dangers sur le terrain, comme les bombardements ou la présence de tanks. »
Le directeur de mission de l’ONG, lui-même palestinien, a vu la situation s’aggraver ces derniers mois et a dû évacuer la ville de Gaza, puis la bande de Gaza elle-même, craignant pour sa vie. « Il y a quelques mois, je vivais à Gaza et c’était très dangereux. Ma famille et moi avons dû nous déplacer, d’abord dans les bureaux du SIF dans la ville de Gaza, puis à Khan Younes, puis à Rafah pour chercher un endroit sûr, retrace-t-il. Nous n’avions pas assez à manger et avons dû jeûner pour pouvoir nourrir nos enfants. »
Durant ces déplacements, il observe une destruction qu’il « n’aurait jamais imaginé voir, même pas dans un film ». « Les maisons, les arbres, les hôpitaux, les églises, les mosquées, tout était détruit » décrit Adel Kaddum, qui a ensuite pu traverser la frontière égyptienne avec sa famille.
« La souffrance est indescriptible »
Depuis, il témoigne d’une situation qui s’est aggravée partout dans la bande de Gaza. « Depuis l’offensive sur Rafah, nos équipes ont dû se déplacer, et nos bénéficiaires aussi. Il y a de moins en moins de nourriture, de moins en moins d’eau potable, de moins en moins de médicaments, explique le spécialiste en aide humanitaire. Ces pénuries créent encore plus de souffrance. Et il ne faut pas oublier le nord de Gaza où des gens malades commencent à mourir à cause de la faim ou de la déshydratation. »
Alors que la température dépasse les trente degrés et qu’elle devrait continuer à monter, le manque d’eau est un enjeu de taille. « Les Palestiniens vivent dans des tentes en plastique dans la rue, c’est très dangereux, surtout en prévision des chaleurs et sans accès à l’eau. En plus des bombardements, la déshydratation va faire des ravages, notamment chez les enfants. » Adel Kaddum constate une situation sans précédent. « Il n’y a pas d’endroit sûr, ni dans le Nord, ni dans le Sud. Peu importent les mots que nous utilisons, la souffrance physique et psychologique des personnes dans Gaza est indescriptible. Le sud de Gaza n’est plus vivable, il n’y a plus rien. Les lois humanitaires que nous avons étudiées ne sont pas respectées. »
Au nord du Sinaï, les équipes du Secours Islamique France s’affairent à préparer les distributions alimentaires de l’Aïd, sans certitudes. « Si nous pouvons passer, nous serons prêts. Si ça n’arrive pas d’ici dimanche, nous conserverons la nourriture pendant un mois, puis nous la distribuerons aux réfugiés palestiniens en Égypte, détaille Adel Kaddum, mais pour chaque jour d’attente supplémentaire, des gens mourront. »
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