L'UMP prépare son "big bang" économique

Les dirigeants de l'UMP planchent mercredi sur des "mesures d'urgence" pour l'économie française, qu'ils jugent en péril, avec pour objectif une baisse de la dépense publique de 10% "sur plusieurs années", soit 130 milliards d'euros d'économies. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - Les dirigeants de l'UMP planchent mercredi sur des "mesures d'urgence" pour l'économie française, qu'ils jugent en péril, avec pour objectif une baisse de la dépense publique de 10% "sur plusieurs années", soit 130 milliards d'euros d'économies. Ce séminaire, qui réunira Jean-François Copé, François Fillon ou encore Alain Juppé, ainsi qu'une quinzaine d'anciens ministres, n'est pas l'antichambre de l'alternance mais le creuset d'"orientations futures", dit-on avec prudence à l'UMP. "Les primaires pour 2017 font que ça change la donne", explique-t-on, quand bien même "un relatif consensus" se dégage parmi les diverses sensibilités du parti d'opposition qui avance paradoxalement sur le terrain des idées sans avoir résolu sa crise de leadership. Un document de travail naîtra de cette réflexion, prévue mercredi après-midi sur trois thèmes - travail, dépenses publiques, croissance -, et sera soumis au vote des cadres du parti lors d'un conseil national, le 25 janvier. L'UMP entend "mettre le paquet sur tout ce qui facilite la production et l'embauche", avec en ligne de mire les 35 heures et "le harcèlement fiscal" des Français qui conduit selon elle à un "appauvrissement" sans précédent des classes moyennes. Là où Nicolas Sarkozy, que ses fidèles voient affronter François Hollande en 2017, continue de plaider pour le maintien des 35 heures hebdomadaires assorties de son dispositif d'heures supplémentaires défiscalisées supprimé par la gauche, l'UMP prône l'enterrement de la loi Aubry et "39 heures payées 39" dans le public et le privé. RAMENER LA DÉPENSE PUBLIQUE À 50% DU PIB C'est la ligne majoritaire au sein du parti à l'exception notable de l'ex-ministre du Travail Xavier Bertrand, candidat à la primaire présidentielle, qui juge que "les 35 heures sont plus dans les têtes que dans les textes" et qu'une suppression pure et simple pénaliserait financièrement les salariés. "L'objectif n'est pas de toucher à la feuille de paie mensuelle mais, par les négociations dans les entreprises, de pouvoir bénéficier d'une progression des salaires et d'y arriver aussi dans l'administration", précise Jean-François Copé dans Les Echos. Pour libérer les entreprises de "l'étau fiscal", le président de l'UMP prône en outre une baisse des charges sociales "qui serait transférée pour partie sur la TVA et pour une autre sur la diminution des dépenses". La réduction de la dépense publique est l'autre pilier de l'oeuvre de "redressement" du parti d'opposition, accusé par l'exécutif socialiste d'avoir grevé les déficits publics. L'UMP ambitionne de ramener la dépense publique, qui représente aujourd'hui 57% du PIB, dans la moyenne de la zone euro, autour de 50% du PIB. Elle préconise 130 milliards d'économies "sur plusieurs années" (10% des 1.300 milliards d'euros de dépenses publiques) qui iraient pour moitié à la baisse des impôts, pour l'autre au désendettement, via une refonte de l'organisation de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale. Au nombre des pistes avancées : fusion de la région et du département, réduction du nombre d'élus, poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de l'aide médicale d'Etat, réforme du régime des intermittents, réduction des chaînes de télévision publiques... RÉFORMER L'INDEMNISATION DU CHÔMAGE Le président UMP de la commission des Finances de l'Assemblée, Gilles Carrez, s'est alarmé dernièrement de "dérapages massifs sur toutes les interventions de 'guichet', notamment sociales" (allocation logement, allocation adulte handicapé, etc.) dans le collectif budgétaire 2013. Une réforme du régime d'indemnisation du chômage entrerait dans ce plan global d'économies, avec une dégressivité des allocations qui permettrait, selon l'UMP, de mieux financer l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Autant de prémices d'une "rupture" avec la "rupture" sarkozyste qui reposent la question de la crédibilité des prétendants à la présidentielle de 2017, qui n'ont pas mis ces préceptes en pratique quand ils étaient au pouvoir, et de la délicate émancipation d'avec le perdant de 2012. Nicolas Sarkozy, dont la probable candidature à un nouveau mandat domine les scénarios de l'alternance, a d'ores et déjà laissé entendre qu'il défendrait ses options programmatiques. "C'est un drôle de programme de promettre les 39 heures payées 35 et la retraite à 65 ans. Bon courage à celui qui veut se faire élire là-dessus!", avait-il lancé en septembre en visant le premier de ses rivaux, François Fillon. Edité par Yves Clarisse