L'Onu craint une reformation du groupe rebelle M23 en RDC

Rebelles du M23 à Kiwanja, en République démocratique du Congo. Selon le chef de la mission des Nations unies en RDC, le mouvement rebelle semble être en train de se reformer deux mois après avoir été vaincu par les forces armées de la RDC appuyées par des troupes de l'Onu. /Photo prise le 4 août 2013/REUTERS/James Akena

par Michelle Nichols NATIONS UNIES (Reuters) - Le mouvement rebelle M23 semble être en train de se reformer deux mois après avoir été vaincu par les forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) appuyées par des troupes de l'Onu, a déclaré lundi le chef de la mission des Nations unies en RDC. Martin Kobler a déclaré au Conseil de sécurité de l'Onu que "des sources crédibles faisaient état d'un essor des activités du M23" en Ituri et dans le nord-est de la RDC. Le chef de la Monusco a demandé à cette occasion au gouvernement congolais d'"accélérer le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants tutsis, conformément à l'accord de paix signé après 20 mois de conflit. "Je demande également aux gouvernements ougandais et rwandais de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les éléments du M23 de se réfugier et d'entraîner des troupes sur leur territoire", a-t-il ajouté. "Nous ne devons pas tolérer de réémergence du M23", a insisté Martin Kobler. Les experts de l'Onu soupçonnent depuis longtemps l'Ouganda et le Rwanda de soutenir le M23, ce que ces deux pays frontaliers de la RDC ont toujours réfuté. Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général de l'Onu dans la région des Grands Lacs, a pour sa part déclaré aux 15 membres du Conseil de sécurité que la RDC et ses voisins devaient procéder par étapes afin d'instaurer un climat de confiance dans la région. Ce processus implique, selon elle, de ne "pas héberger des personnes responsables de graves violations des droits de l'homme, de ne pas offrir d'aide à des groupes armés, et de ne pas faire d'ingérence dans les affaires d'un Etat frontalier". "Il existe des indices inquiétants montrant que ces engagements ne sont pas encore complètement respectés par le Rwanda et l'Ouganda", a-t-elle dit. ATROCITÉS Le vice-ambassadeur du Rwanda à l'Onu, Olivier Nduhungirehe, a répété lundi qu'il n'y avait aucune preuve que son pays ait porté assistance aux rebelles. La délégation ougandaise à l'Onu n'était pas joignable dans l'immédiat. La force de maintien de la paix en RDC, forte de 20.000 hommes, a reçu en 2013 l'appui d'une brigade d'intervention de 3.000 hommes pour aider les troupes congolaises à lutter contre les mouvements rebelles. Elle est en outre désormais équipée de drones de surveillance. "La présence de mouvements armés est toujours forte, trop forte. Nous devons rester sur le même élan", a déclaré Martin Kobler. "Avec la brigade d'intervention et les drones, tous les groupes armés savent que nous pouvons mener une action ferme à tout instant." Selon lui, les forces de l'Onu et de la RDC se concentrent depuis la mise en déroute du M23 sur la lutte contre les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice hutue active dans l'est du Congo démocratique. Il a en outre prévenu qu'une action pourrait être rapidement lancée contre les Forces démocratiques alliées (ADF), des rebelles islamistes qui continuent de "semer la terreur et l'horreur" en Ituri. Martin Kobler a cité un exemple d'atrocités contre des civils imputées aux ADF. "Le 13 décembre, dans un secteur contrôlé par les ADF, 21 corps, dont ceux de huit bébés, de très jeunes enfants et de femmes enceintes, ont été retrouvés morts, mutilés et pour certains décapités", a-t-il dit. "Trois des enfants avaient semble-t-il été violés avant d'être tués." Simon Carraud pour le service français, édité par Bertrand Boucey