L’égalité femmes-hommes atteinte au mieux « dans 300 ans » selon le chef de l’ONU
Antonio Guterres a déploré lors d’une conférence des Nations Unies au Qatar que l’objectif d’« égalité entre les sexes » s’éloignait de plus en plus.
ÉGALITÉ - La fin des inégalités de genre, ce n’est pas pour demain. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a déploré lundi 6 mars que « l’égalité » entre les femmes et les hommes dans le monde était un objectif de plus en plus lointain, atteint au mieux « dans 300 ans ».
« L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus. Au rythme actuel, (l’organisation) ONU Femmes la fixe à dans 300 ans », a-t-il dénoncé dans un discours à l’ouverture de deux semaines de débats à New York de la Commission de la condition de la femme (CSW) et à deux jours de la Journée internationale des femmes du 8 mars.
Dans l’amphithéâtre de l’Assemblée générale, le chef de l’ONU a estimé que les « droits des femmes étaient maltraités, menacés, violés à travers le monde » et que « le progrès effectué depuis des décennies disparaissait sous nos yeux ».
Des droits « qui reculent » dans de nombreux endroits
Il a pris l’exemple de l’Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 et où « les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique ». Il n’a pas cité d’autres pays, mais dans « nombre d’endroits, les droits de reproduction sexuelle des femmes reculent et les filles qui vont à l’école risquent d’être enlevées et agressées ».
Antonio Guterres n’a pas mentionné l’Iran, expulsé le 14 décembre avec effet « immédiat » de la CSW par un vote du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc), sous l’impulsion des États-Unis, en raison de la répression d’une révolte conduite depuis septembre par des femmes.
« Des siècles de patriarcat, de discrimination et de stéréotypes pénibles ont créé un fossé entre les sexes, dans les sciences et les technologies », secteurs dans lesquels les femmes ne représentent que « 3 % des lauréats de prix Nobel », a-t-il pris comme exemple.
Il a rendu hommage aux chercheuses française « Emmanuelle Charpentier et américaine Jennifer Doudna qui ont été historiquement la première équipe de femmes à remporter un prix Nobel en sciences il y a trois ans », en chimie en 2020. « Des équipes d’hommes l’ont remporté 172 fois », a déploré Antonio Guterres.
« Les Nations Unies se tiennent aux côtés des femmes »
« La patriarcat contre-attaque. Nous aussi. Je suis ici pour affirmer clairement et avec force : les Nations unies se tiennent partout aux côtés des femmes et des filles », a conclu le secrétaire général.
Women & girls will not be silenced. Their demands for their rights & freedoms echo around the globe. At #CSW67 to… https://t.co/Y0OaP3ziOF
— António Guterres (@antonioguterres) Voir le tweet
Pour cette 67e session de la CSW, le président de la Confédération suisse Alain Berset a fait le voyage vers New York et a reconnu devant l’Assemblée générale que les femmes étaient « encore sous-représentées dans les filières scientifiques » de son pays, ne comptant « que (pour) 37 % des personnes diplômées dans ces branches », avec un objectif d’égalité en 2030.
De son côté, Marlène Schiappa, secrétaire d’État française chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, et ancienne secrétaire d’État à l’Égalité hommes-femmes, a également proclamé depuis l’ONU qu’« ensemble, nous avons le pouvoir de faire émerger des leaders féminins et féministes grâce au numérique ».
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