L’édito de Daniel Riolo: "Luis Enrique et la supercherie universelle"

"La différence entre les poteaux et le but c’est l’Esprit Saint." "Une défaite injuste." Voilà donc en substance les explications à l’élimination du PSG par le génie qui lui sert de coach. Tout contrôler, être le fils de Dieu Guardiola pour en arriver à des explications de supporters accoudés au comptoir après une dizaine de bières...

La faute "à pas de chance" donc. Si c’est aussi simple, alors il ne faut pas oublier que le PSG est arrivé aussi loin cette année, peut-être, parce que la chance a souvent été de son côté. Un penalty tombé du ciel à la dernière minute contre Newcastle. Un tirage en or pour les huitièmes de finale, des faits de jeu très favorables à Barcelone après pourtant un match aller totalement raté et écrasé par les choix catastrophiques de son génie de coach.

Non, tout n’est pas irrationnel dans le foot. Tout n’est pas qu’une affaire de planètes bien alignées. Luis Enrique le sait. Il dit ça parce qu’il pense que ça va passer. Il prend tellement les gens pour des idiots qu’il pense pouvoir s’en sortir avec une explication inutile et malvenue. Pour beaucoup ça sera suffisant. Luis Enrique appartient à cette bande d’entraîneurs qui bénéficient depuis des années du label Guardiola. Il suffit de dire qu’on est de l’école du maître Catalan et on devient génial. A Bordeaux, en ce moment, il y a un illuminé qui fait croire qu’il est entraîneur. Il fait partie de la bande.

L’été dernier, pendant que la direction du PSG s’empêtrait dans la gestion calamiteuse du dossier Mbappé, on découvrait le nouveau coach du club. Il fallait vraiment débarquer de la Lune et n’avoir aucune culture foot pour ne pas savoir que l’homme qui arrivait était avant tout un coach prétentieux, méprisant et totalement égocentrique. Aucun club ne le voulait, mais Paris l’a engagé avec le label "génie". On nous fait avaler un palmarès en or. Il a été roi au Barça paraît-il. La vérité est tout autre. Après son échec à Rome, on lui a donné le Barça parce qu’il dispose du label génie. Je n’ai jamais cru que les succès de 2015 lui devaient quelque chose. Messi a décidé de son sort et a évité qu’il se fasse virer. La suite de sa carrière est vide. A la tête de la sélection espagnole, il n’a rien fait que chouiner sur la malchance et l‘injustice. Une triste habitude. Il faut savoir que quand on a le label génie Guardiolesque, la défaite n’existe pas. L’autre n’existe pas. On joue contre son destin pas contre un adversaire puisque par nature on lui est supérieur.

Après deux années de rupture avec ses supporters et une image déplorable, le PSG a retrouvé un visage positif. Faut-il le mettre au crédit du coach? Je veux bien être plus tendre sur ce point et j’ai cru à l’apport du psy présent auprès de Luis Enrique. Mais finalement, le plus important n’est-il pas d’avoir vidé le vestiaire des pommes pourries qui le gangrenait? Après ça, son travail devenait plus facile en termes de management.

Mettre la star Mbappé à sa botte, voilà ce qui constituait la panoplie du génie

La presse et par conséquent le public sont trop bêtes pour comprendre ce que je fais, voilà le credo du génie. Certains acceptant d’être réduit à l’état de serpillère ont tenté toute l’année de m’expliquer à quel point Luis Enrique était lumineux. Changer l’équipe sans arrêt. Faire des essais qui aiderait dans les moments critiques. Traiter tous les joueurs de façon égale et donc mettre la star Mbappé à sa botte, voilà ce qui constituait la panoplie du génie. Avec Luis Enrique, c’était le magasin GIFI à tous les coins de rue. Des idées de génie à la pelle.

Au final, les essais incessants n’ont servi à rien. Ça devait aider à avoir une équipe fraîche, je ne l’ai pas constaté dans les deux matches contre Dortmund. Le 11 allemand a, dans les deux matches, plus fait d’efforts que les parisiens. Aucun de ses choix, aucune de ses analyses ne résiste à l’épreuve des faits. Un match raté sur deux contre le Barça, il visait la même chose contre le BVB, mais on ne plaisante pas, on ne méprise pas la Ligue des Champions. "On sera meilleurs en février", voilà une autre phrase célèbre du coach. En début de saison, le PSG a corrigé Dortmund au Parc. Six mois plus tard, Terzic, le coach sans label génie, a filé une leçon à son confrère parisien. La forme qui devait croître au fil de la saison, encore un horrible mensonge.

Le soir de l’épisode grotesque du match à Monaco, la saison de Mbappé a pris fin

Reste la gestion du cas Mbappé. Elle a aura été la cerise sur le gâteau de son incompétence. Le traiter comme un quidam pour s’habituer à jouer sans lui. Mais comment a-t-il pu manger le cerveau d’autant de gens? Comment a-t-on pu avaler ces balivernes? Sans préparation physique, Mbappé a livré une saison terne. Toute l’année Mbappé a semblé hors de forme se cachant derrière ses buts. Le soir de l’épisode grotesque du match à Monaco, sa saison a pris fin. Le génie de coach a répondu aux ordres de sa direction en nous faisant croire que c’était lui le patron. S’il l’avait été, il aurait mis Mbappé sur le banc jusqu’à la fin de la saison. Etre le chef et jouer au chef, ce n’est pas la même chose.

Luis Enrique va rester coach du PSG. On va continuer de prendre des fausses leçons de foot. Ses disciples continueront de manger ses salades, son mépris, son arrogance et sa suffisance. Ce menu ne m’intéresse pas. Luis Enrique me fait penser à cette phrase d’Orwell: "A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire." Et la vérité le concernant ressemble fort à un échec annoncé et malheureusement appelé à durer.

Article original publié sur RMC Sport