L’écrivain Zakhar Prilépine visé par une attaque : ce que l’on sait

L’auteur pro-Kremlin Zakhar Prilépine a été grièvement blessé samedi dans l’explosion de sa voiture en Russie.
L’auteur pro-Kremlin Zakhar Prilépine a été grièvement blessé samedi dans l’explosion de sa voiture en Russie.

RUSSIE - Il est un soutien farouche de l’offensive militaire en Ukraine. L’écrivain nationaliste russe Zakhar Prilépine a été blessé samedi 6 mai dans l’« explosion » de sa voiture à Nijni Novgorod, dans le centre-ouest de la Russie, ont indiqué les autorités russes.

Le Kremlin a rapidement accusé les États-Unis, l’Otan et l’Ukraine d’avoir fomenté cette attaque « terroriste » contre l’auteur. Kiev n’a pour le moment pas réagi à ces accusations. Qui est cette figure littéraire russe et que sait-on de cette attaque ? Le HuffPost fait le point.

  • Qui est Zakhar Prilépine ?

L’auteur de 47 ans a longtemps été adulé par la critique occidentale, avant de mettre sa plume et sa kalachnikov au service du Kremlin en Ukraine. Ses livres, inspirés de son expérience de la guerre et de la province russe, se vendent avec succès en Russie, où il est une figure bien visible dans les médias.

Ancien combattant des guerres de Tchétchénie dans les années 1990, Zakhar Prilépine a un temps milité dans l’opposition. Puis tout a changé avec l’annexion de la Crimée en 2014. Il a embrassé la cause de Vladimir Poutine en défendant dans ses œuvres les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine et en allant combattre à leurs côtés.

L’invasion russe en Ukraine, le 24 février, qui a plongé le pays dans le feu et le sang, n’a en rien chamboulé ses convictions. « Je n’ai aucun cas de conscience par rapport à ce qui se passe. C’est arrivé, il faut maintenant aller jusqu’au bout », a-t-il dit en novembre.

Il a également participé l’an dernier à un groupe parlementaire chargé de débusquer les acteurs du monde culturel en Russie ayant des « positions antirusses ».

  • Que s’est-il passé ?

Zakhar Prilépine a été grièvement blessé samedi vers 11 heures (9 heures à Paris) dans l’explosion de sa voiture, dans une localité du district de Borski, près de Nijni Novgorod, la troisième ville de Russie.

L’écrivain a été évacué par hélicoptère, puis « placé en coma artificiel après son opération ». Il a pu s’exprimer dimanche soir sur Telegram : « Merci à tous ceux qui ont prié, car il aurait été impossible de survivre à une telle explosion », a-t-il dit, ajoutant : « Je le dis aux démons, vous n’intimiderez personne. Dieu existe. Nous vaincrons ».

Il a rendu hommage à son chauffeur Alexander Shubin, qui a péri dans l’explosion. « Mon cher ami, mon protecteur pendant huit ans, est mort », a-t-il ajouté.

Une photo des lieux de l’incident, publiée par le Comité d’enquête russe, montre ce qu’il reste d’un véhicule blanc à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, devant un cratère sur une route de terre, dans une zone boisée.

Véhicule de Zakhar Prilépine, à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, publié par le Comité d’enquête russe. (Source : vidéo Reuters)
Véhicule de Zakhar Prilépine, à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, publié par le Comité d’enquête russe. (Source : vidéo Reuters)
  • Quelle est la version de la Russie ?

Le Kremlin parle d’un « attentat terroriste » perpétré par les « parrains » occidentaux de l’Ukraine, et au premier chef les États-Unis. La diplomatie russe a estimé que l’absence de condamnation de la part de Washington était « révélatrice », et que celle des organisations internationales était « inacceptable ».

Le ministère de l’Intérieur russe a annoncé rapidement l’arrestation d’un suspect, né en 1993, dans la même région. Plus tard, le Comité d’enquête a affirmé que ce dernier, nommé Alexandre Permiakov, avait « déclaré avoir agi selon les instructions des services spéciaux ukrainiens ».

« Il aurait placé l’engin explosif le long de la route empruntée par Zakhar Prilépine, et l’aurait déclenché au passage du véhicule », ont précisé les enquêteurs, selon des informations du Wall Street Journal. Son complice aurait aussi été arrêté.

Cette attaque survient alors que des frappes de drones, sabotages et attentats présumés se multiplient ces dernières semaines sur le territoire russe, sans que leurs auteurs soient clairement identifiés.

En août dernier, une explosion du même type avait coûté la vie à Daria Douguina, la fille de l’idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine, elle-même blogueuse et journaliste engagée. En avril, c’est un influent blogueur paramilitaire, Vladlen Tatarskii, qui a été tué par une explosion à Saint-Pétersbourg.

À voir également sur Le HuffPost :

À Zaporijjia, en Ukraine, des évacuations face au risque d’accident nucléaire

À Bakhmout, le groupe Wagner menace d’abandonner l’armée russe