L’école Stanislas épinglée par un « rapport caché » dévoilé par Mediapart

Des « dérives » sont dévoilées dans ce document sur l’établissement privé, où sont scolarisés les enfants d’Amélie Oudéa-Castéra.

ÉDUCATION - Une polémique dans la polémique. Un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale, révélé ce mardi 16 janvier par Mediapart, rapporte des « dérives » et des pratiques non conformes avec la loi de l’école privée catholique Stanislas, à Paris, où sont scolarisés les enfants de la nouvelle ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra.

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Ce rapport de 30 pages, remis au ministère de l’Éducation le 1er août, n’a jamais été rendu public, souligne le site d’investigation qui parle d’un document « caché ». Voici ce qui est reproché à l’établissement, qui accueille des élèves de la maternelle aux classes préparatoires.

• Catéchisme obligatoire

Les cours d’enseignement de la religion catholique y sont obligatoires, ce qui n’est « pas conforme » avec la loi et à l’application du contrat d’association avec l’État, indique le document, publié en intégralité par Mediapart. Normalement, le catéchisme est seulement facultatif.

D’après des parents interrogés, la formation a « une tendance au prosélytisme ». « Un élève d’une autre confession que catholique, ou bien athée, est obligé de suivre ces cours de formation chrétienne, présentés par la direction et l’encadrement de Stanislas comme un apport culturel dans la formation de l’élève », a ainsi constaté la mission d’inspection.

En outre, expliquent certains témoins, « les élèves baptisés [doivent] lever le doigt... si [une élève n’est] pas baptisée », on lui dit qu’elle sera « damnée » et « ira en enfer ». Les autres religions seraient aussi critiquées.

• Sexisme, anti-IVG et homophobie

Le rapport révèle également des cas de « dérives » avec des intervenants qui tiennent des propos homophobes, anti-avortement ou font la promotion des thérapies de conversion, ces catéchistes exprimant « des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l’Église catholique, par exemple sur l’IVG ».

En quatrième, les collégiens apprennent par exemple via les livrets de catéchèse que « l’avortement signifie [...] toujours tuer volontairement une personne humaine innocente ». Une intervenante aurait déclaré « l’avortement était encouragé parce que les fœtus étaient utilisés pour des médicaments, le Doliprane notamment ».

Le rapport met également en exergue « des choix et des comportements qui entretiennent les stéréotypes de sexe », avec notamment « une attention particulière à la tenue des jeunes filles empreinte de sexisme ». D’après le site d’investigation, il est aussi recommandé aux victimes de « pardonner aux violeurs ».

L’homophobie est également pointée du doigt alors que certains propos rapportés sont « susceptibles d’être qualifiés pénalement ». Un intervenant aurait par exemple parlé en janvier 2023 « de sodomie qui apporte le sida, de l’homosexualité qui est un péché, qui est une maladie qui vient du fait que maman a trompé papa ».

• Manquement dans le programme

Ce rapport relève par ailleurs des manquements dans l’application des programmes officiels sur l’éducation à la sexualité, avec notamment « le parti pris de certains professeurs de SVT de ne pas parler des infections sexuellement transmissibles (IST) ».

Ces prises de position, auxquelles s’ajoutent certains « propos tenus lors des conférences d’éducation à la sexualité sur les dangers de la contraception chimique » et des « dérives relevées en catéchèse », sont susceptibles « de porter atteinte à la santé des élèves ».

L’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) avait été « saisie le 22 février » 2023 par le ministre de l’Éducation d’une demande d’enquête administrative, suite à des articles de presse pointant des accusations de dérives homophobes et sexistes au sein du lycée Stanislas.

Mediapart publie ce rapport alors qu’Amélie Oudéa-Castéra est dans la tourmente depuis vendredi après avoir justifié son choix d’inscrire ses trois fils à l’école Stanislas en raison des « paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public. Des explications qui suscitent depuis un tollé.

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