L’école doit s’adapter au handicap et non l’inverse, selon ce rapport du Sénat

Une enfant autiste suit un cours dispensé par un personnel de l’AESH dans une école disposant d’un Pôle d’Accompagnement Localisé Inclusif (PIAL) à Cenon, près de Bordeaux.
Une enfant autiste suit un cours dispensé par un personnel de l’AESH dans une école disposant d’un Pôle d’Accompagnement Localisé Inclusif (PIAL) à Cenon, près de Bordeaux.

ÉDUCATION - L’intégration des élèves handicapés à l’école ne peut pas reposer sur les seuls accompagnants spécialisés. Elle doit également passer par l’accessibilité des bâtiments et l’adaptation de la pédagogie, plaide un rapport sénatorial rendu public ce mercredi 3 mai alors qu’Emmanuel Macron a récemment défini la politique du handicap en France pour les trois prochaines années.

Au fil des années, l’Éducation nationale « a ’externalisé’ la prise en charge des situations de handicap aux accompagnants » des élèves en situation de handicap (AESH), affirme le rapporteur Cédric Vial, sénateur apparenté LR de Savoie.

Pour lui, l’institution scolaire ne peut pas « s’exonérer de sa responsabilité pédagogique » : il lui « revient d’abord (...) de s’adapter », en faisant de l’accessibilité physique, matérielle et pédagogique la « priorité ». La compensation par une aide humaine ne doit « intervenir qu’en complément, même si elle reste essentielle », analyse encore Cédric Vial.

Adapter les outils et les fournitures

Entre 2004 et 2022, les effectifs d’élèves handicapés scolarisés à l’école ordinaire sont passés de 134 000 à 430 000. Ils sont épaulés par environ 125 000 AESH, un chiffre qui a lui aussi beaucoup augmenté, de plus de 50 % entre 2017 et 2022.

Mais la « massification » de l’accompagnement humain « nuit désormais à une politique qualitative et efficiente d’inclusion scolaire », selon le rapporteur, qui évoque des « effets pervers » : l’AESH a « parfois tendance à ’faire écran’ entre l’enfant et son professeur ou ses camarades », et l’élève peut le considérer parfois comme une « béquille », ce qui le maintient dans « une forme de dépendance », estime-t-il.

Pour renverser cette tendance, le rapport préconise de développer l’accessibilité des matériels pédagogiques et des outils numériques. Il faudrait aussi adapter les fournitures scolaires et la pédagogie « sans attendre les éventuelles mesures de compensation » prescrites par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Pour le rapporteur, les enseignants doivent également bénéficier d’une formation initiale et continue améliorée en matière d’accueil des élèves handicapés, et mieux associer l’AESH à des réunions régulières avec les parents.

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