L’échange de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis se chiffre en milliards de dollars

Un avion qatari transportant cinq citoyens américains détenus en Iran atterrit à l’aéroport international de Doha, le 18 septembre 2023.
KARIM JAAFAR / AFP Un avion qatari transportant cinq citoyens américains détenus en Iran atterrit à l’aéroport international de Doha, le 18 septembre 2023.

INTERNATIONAL - C’est l’aboutissement de plusieurs mois de discussions. Cinq prisonniers américains détenus en Iran – dont certains depuis près de dix ans – ont quitté le pays par avion et sont arrivés au Qatar, ce lundi 18 septembre. Cette libération fait suite à un accord passé entre l’Iran et les États-Unis et conclu avec la médiation du Qatar.

Après l’atterrissage, le président américain Joe Biden a promis de continuer, malgré cet accord, « à sanctionner l’Iran pour ses actions provocatrices dans la région ». « Cinq Américains innocents qui étaient détenus en Iran rentrent enfin à la maison », s’est-il par ailleurs félicité.

Parmi ces prisonniers figurent l’homme d’affaires Siamak Namazi et l’investisseur Emad Sharqi, tous deux condamnés à dix ans de prison pour espionnage. Figure aussi sur la liste Morad Tahbaz, qui avait été arrêté en janvier 2018 et condamné à dix ans de prison pour « conspiration avec l’Amérique ». Les identités des deux autres ne sont pas connues.

Un transfert à 6 milliards de dollars

Dans le cadre de cet accord, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d’un montant de 6 milliards de dollars, a été effectué à destination du Qatar. Ces fonds proviennent de la vente d’hydrocarbures iraniens et avaient été placés dans des comptes bloqués sous la supervision de l’administration Trump, ont déclaré des sources auprès de CNN.

Le transfert de fonds dans six comptes ouverts dans deux banques du Qatar a été effectué ce lundi. « Aujourd’hui, l’équivalent de 5 573 492 000 euros a été déposé sur le compte des banques iraniennes auprès de deux banques qataries », a précisé à Téhéran Mohammadreza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne.

Il a ajouté que son pays avait l’intention de saisir la justice contre la Corée du Sud pour ne pas avoir autorisé Téhéran à accéder à ces fonds et demander des dommages à la suite de leur dépréciation.

L’Iran pourra utiliser cette somme pour des achats humanitaires tels que des denrées alimentaires et des médicaments. Téhéran a de son côté assuré avoir la possibilité d’user autrement de cette enveloppe et pas seulement pour ce type d’achats.

Après ce versement, l’Iran n’aura « plus beaucoup de ressources bloquées dans d’autres pays », a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani ce lundi. « Au Japon nous en avions une certaine quantité mais nous en avons utilisé une grande partie et la quantité restante n’est pas significative », selon lui.

Apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis

L’accord prévoit également la libération par les États-Unis de cinq prisonniers iraniens. Deux d’entre eux, bénéficiant d’une mesure de clémence, sont eux aussi arrivés à Doha ce lundi, pour retourner en Iran, ont indiqué lundi des médias iraniens. Les trois autres ex-prisonniers libérés ne souhaitent pas aller en Iran.

Parmi ces cinq Iraniens devant être libérés par les États-Unis figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines » contre l’Iran.

Aux yeux de certains experts, cet accord témoigne d’un apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis, mais ils ne préjugent pas d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Des négociations menées par les Européens n’avaient pas réussi en 2022 à raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump.

Un accord controversé

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est attendu ce lundi à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU. Le 13 septembre, la Maison Blanche avait rejeté toute notion de « rançon », comme le dénonçait l’opposition républicaine au président Joe Biden, avec le déblocage des 6 milliards de dollars de fonds iraniens gelés.

Hasard ou coïncidence, les États-Unis ont annoncé ce lundi des sanctions contre le ministère du renseignement iranien et l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad.

Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, avait insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un « chèque en blanc » offert à l’Iran et que l’utilisation de ces fonds « à des fins humanitaires » uniquement serait sous « stricte surveillance ». Issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, ces fonds avaient été bloqués à la suite de sanctions américaines.

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