"L'éternité n'est pas si longue? Mon oeil!"

Juré du Prix du livre numérique, Mathieu Dagneaud a aimé le début du roman de Fanny Chiarello. Le début. J'ai eu un peu la même lecture de ce roman qu'Arthur Cabaret. Comme lui, je suis passé par plusieurs phases et ma perception du roman s'est faite en dents de scie. =Un style bien au dessus des autres livres sélectionnés= Phase 1: j'ai accroché tout de suite. C'est très bien écrit, les formules s'enchaînent et pétillent d'intelligence et d'humour. Le narrateur est tout à fait atypique dans une histoire où l'humanité s'éteint, emportée par la variole. Le style est très au dessus des autres livres de la sélection et seul Les aigles puent me semble stylistiquement à la hauteur (il me reste quelques livres à lire). Je suis séduit. Tout content de ma lecture, je dévore ainsi les cinquante premières pages sans voir le temps passer. Quand soudain patatras, la phase 2. Je me rends compte alors que l'histoire fait du surplace depuis déjà quelques pages et s'installe dans une sorte de ronron où même le style devient moins charmant. A l'extérieur, c'est la fin du monde mais la narratrice reste claquemuré chez elle à noircir son journal intime. De mon côté, je me demande où cela nous mène. =Une narratrice égocentrique dont on se lasse= Phase 3 : Un peu déboussolé par mon réveil brutal en phase 2, je poursuis ma lecture en attendant qu'il se passe enfin quelque chose. Je progresse laborieusement car l'égocentrisme de la narratrice m'agace de plus en plus et je prie pour que la variole l'emporte vite. Malheureusement il reste encore pas mal de pages, alors je commence à sauter des passages entiers. L'éternité n'est pas si longue... mon oeil! Phase 4: Je termine (enfin) le roman en me disant que le style ne fait pas tout. Si une telle qualité d'écriture avait pu s'appuyer sur une intrigue plus construite, cela aurait pu donner un grand roman. Même si je pense que ce n'est pas une faute mais un parti pris, c'est dommage.