L'émissaire de l'Onu prêt à aller à Alep pour sauver la ville

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit jeudi prêt à se rendre dans les quartiers d'Alep-Est pour escorter hors de la ville le millier de combattants djihadistes qui s'y trouveraient afin de faire cesser les bombardements russes et syriens.. /Photo prise le 6 octobre 2016/REUTERS/Denis Balibouse

GENEVE (Reuters) - L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit jeudi prêt à se rendre dans les quartiers d'Alep-Est pour escorter hors de la ville le millier de combattants djihadistes qui s'y trouveraient afin de faire cesser les bombardements russes et syriens. "L'argument ultime, c'est que dans deux mois, deux mois et demi maximum au rythme où vont les choses, la ville d'Alep-Est pourrait être totalement détruite", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Genève. A Moscou, Mikhaïl Bogdanov, envoyé spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a jugé que l'idée de Mistura de faire évacuer les djihadistes d'Alep-Est était bonne. "Il est grand temps", a-t-il dit à l'agence de presse TASS. L'émissaire de l'Onu s'est demandé si la présence des 900 combattants de l'ex-Front al Nosra, qui se fait désormais appeler Front Fatah al Cham, dans les zones sous contrôle insurgé de la ville, n'offrait pas un "alibi facile" à l'entreprise de destruction de ces quartiers par les forces pro-gouvernementales. D'après ses estimations, en plus de ce millier de djihadistes, 8.000 combattants insurgés "au maximum" assurent la défense d'Alep-Est, soumise à un déluge de feu depuis le 22 septembre. Par ailleurs, quelque 275.000 civils, dont 100.000 enfants, vivent dans ces secteurs, le dernier grand centre urbain tenu par la rébellion syrienne. Staffan de Mistura a exhorté la Russie et le gouvernement syrien à annoncer sans délai qu'ils mettront fin au bombardement d'Alep-Est dès que les djihadistes en seront partis. S'ils s'y refusent, alors l'Histoire jugera que Moscou et Damas se sont servis de leur présence comme d'un "alibi" pour détruire la ville, a-t-il ajouté. "Etes-vous vraiment prêts à continuer le combat à ce type de niveau, avec ce type d'armes, et à détruire de fait toute la ville d'Alep-Est (...) pour éliminer 1.000 combattants d'Al Nosra ?", les a-t-il interpellés, ajoutant qu'il refusait d'assister passivement à ce qu'Alep-Est se transforme en nouveau Srebrenica ou en nouveau Rwanda. Il s'est également adressé directement aux combattants djihadistes : "Si vous décidez de partir, dans la dignité avec vos armes, pour Idlib ou là où vous souhaitez partir, je suis personnellement, physiquement prêt à vous accompagner." (Tom Miles et Stéhanie Nebehay, avec Alexander Winning à Moscou, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)