Législatives : quelles sont les règles pour se maintenir au 2e tour ?

Trois semaines après les élections européennes, les législatives ne s’annoncent pas comme un copié-collé de l’échéance du 9 juin. Parmi les différences fondamentales, le mode de scrutin : proportionnel pour l’élection européenne et uninominal majoritaire à deux tours dans 577 circonscriptions pour élire les députés. Les critères à satisfaire pour atteindre le second tour et notamment les seuils de qualification expliquent pourquoi les formations politiques ont autant négocié avant de présenter leurs candidats. Voici ces règles pour se maintenir au deuxième tour. 

Comment l’emporter dès le 1er tour ?

Au premier tour, un candidat peut être élu s’il parvient à réunir plus de 50 % des suffrages exprimés représentant au moins 25 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Il est très difficile de réunir ces deux critères. En 2022, seuls 5 députés avaient été élus dès le 1er tour, 4 représentants LFI (Alexis Corbière, Sophia Chikirou, Sarah Legrain et Danièle Obono) et un candidat de la majorité présidentielle (Yannick Favennec). Un faible nombre de personnes élues dès le premier tour qui s’expliquait alors par le fort taux d’abstention de 2022. Un mois après l’élection présidentielle, les législatives étaient vues par les Français comme des élections de confirmation, avec peu d’enjeu. Il en est tout autrement pour les élections de 2024. 

Les deux premiers candidats au 1er tour présents au 2e

Pour qu’un candidat ait le droit de se présenter au second tour, il doit avoir obtenu au premier tour un nombre de voix au moins égal à 12,5% du nombre des électeurs inscrits. Si un seul candidat remplit cette condition, le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages après lui peut se maintenir au second tour, même s’il ne parvient pas à ce seuil de 12,5%. Mais dans le cas où aucun candidat ne remplit cette condition de seuil, les deux candidats arrivés en tête peuvent se maintenir au second tour. Concrètement, les deux premiers arrivés au 1er tour sont automatiquement présents au 2e. 

Un seuil de 12,5% des inscrits essentiel en cas de triangulaire

En revanche, on ne peut avoir 3 candidats (triangulaires) ou 4 candidats (quadrangulaires) que si les candidats suivants ont réussi à faire un score au moins égal à 12,5% des inscrits. En cas de forte participation, on pourrait donc voir plus facilement plus de deux candidats se maintenir au 2e tour. Cela paraît d’autant plus possible que les partis ont eu peu de temps pour préparer leurs listes de candidats, ce qui a donc réduit le nombre de candidatures. 

Lors des deux dernières élections législatives (2017 et 2022), l’abstention était telle qu’il fallait obtenir en moyenne près de 27% des suffrages exprimés pour qu’un candidat en 3e position se maintienne. Résultat : seulement une triangulaire en 2017 et 8 en 2022. L’élection de 2024, où le taux de participation s’annonce plus fort (autour de 64%) pourrait donc changer la donne. Pour rappel en 1997, lors des législatives qui avaient suivi la dissolution de Jacques Chirac, 79 triangulaires avaient eu lieu avec un taux de participation de 68%. 

Le RN profitera-t-il des triangulaires ?

Or, à qui profite aujourd’hui une triangulaire ? A priori plutôt au Rassemblement national car si trois blocs se maintiennent, on peut imaginer un bloc d’extrême-droite en tête, nettement devant la gauche et une majorité présidentielle qui fermerait la marche, comme on a pu le constater lors des élections européennes. Evidemment, les désistements auront alors un rôle clé à jouer et le « barrage républicain » appelant à voter pour le mieux placé face à l’extrême-droite pourra changer la face de l’élection.