Législatives en Grèce: le Premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis promet "un pays plus fort"

Les Grecs ont commencé de voter ce dimanche pour des législatives dont l'issue pourrait déboucher sur une période d'incertitude en dépit de la promesse du Premier ministre sortant de rendre le "pays plus fort" en cas de victoire.

À la sortie de son bureau de vote, à Athènes, Kyriakos Mitsotakis, le dirigeant de la droite Nouvelle-Démocratie (ND), qui brigue un deuxième mandat de quatre ans, a assuré vouloir faire de la Grèce "un pays plus fort avec un rôle important en Europe".

"Nous votons pour notre avenir, pour plus d'emplois et de meilleurs emplois, pour un système de santé plus efficace", a-t-il aussi souligné.

Dans son bureau de vote d'un quartier populaire de la capitale, son principal adversaire et prédécesseur au poste de Premier ministre, Alexis Tsipras a vu dans ce scrutin "un jour d'espoir" pour "tourner la page de quatre années difficiles" avec un gouvernement "arrogant et qui ne s'intéresse pas aux plus nombreux".

Le dirigeant de Syriza, qui incarna en 2015 les espoirs de la gauche radicale en Europe, veut reprendre les rênes du pays après un premier mandat de 2015 à 2019 marqué par un bras de fer avec l'Union européenne puis la capitulation lors de houleuses négociations pour sauver la Grèce du marasme financier.

Une forte abstention redoutée

Des sondages effectués à la sortie des urnes seront publiés à la fermeture des bureaux de vote à 19h00 locales (18h00 françaises). Depuis des mois, les enquêtes d'opinion accordent une avance confortable au camp Mitsotakis, entre cinq et sept points.

Mais un tel score ne lui permettrait pas de gouverner seul. Or, Kyriakos Mitsotakis a exclu de former une coalition, dans un pays dont la culture politique ne repose pas sur le compromis.

De son côté, Alexis Tsipras, 48 ans, a fait des appels du pied au dirigeant du parti socialiste Pasok-Kinal, Nikos Androulakis, en vue d'une alliance mais celui-ci a formulé des exigences.

"Notre but est d'avoir la majorité absolue (dimanche)", a martelé le dirigeant conservateur dans le journal To Vima.

En cas d'impossibilité de former un gouvernement, ce que nombre d'analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué fin juin ou début juillet. Le vainqueur de ce deuxième scrutin bénéficierait alors d'un bonus de sièges susceptible de lui donner une majorité stable. Les électeurs semblaient quelque peu résignés alors que les analystes redoutent une forte abstention. En 2019, elle avait culminé à 42%.

Chômage en baisse

En tournée électorale de la Crète à la frontière turque, le Premier ministre sortant n'a cessé de brandir son bilan économique.

Chômage en baisse, croissance de près de 6% l'an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l'économie a repris des couleurs après les années de crise aiguë et de plans de sauvetage européens.

Mais la baisse du pouvoir d'achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d'une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années.

Baisse du pouvoir d'achat

De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d'amaigrissement drastiques. Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170% de son PIB.

Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et déclenché des manifestations contre le gouvernement accusé d'incurie.

Kyriakos Mitsotakis se voit aussi reprocher un scandale d'écoutes téléphoniques illégales visant des responsables politiques et des journalistes.

En mars, le Parlement européen a dénoncé des "menaces sérieuses à l'État de droit et aux droits fondamentaux" en Grèce, selon l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld.

Article original publié sur BFMTV.com