Législatives en Grèce : ce que vous devez savoir
Après quatre ans au pouvoir, la Nouvelle Démocratie (ND) continue de faire la course en tête dans les intentions de vote avec 2,5 à 7 points d'avance sur Siriza, selon les sondages.
Mais le gouvernement conservateur a vu sa popularité s'étioler après la collision ferroviaire du 28 février qui a fait 57 morts et provoqué des manifestations massives contre les négligences de l'Etat.
Cette baisse de popularité a peu profité à l'opposition : Syriza et le parti socialiste Pasok-Kinal, qui arrive troisième dans les sondages.
Ces deux formations, au pouvoir durant ces 15 dernières années, sont aussi rendues responsables des graves carences dans les chemins de fer révélées par cet accident meurtrier.
La ND et Syriza rassemblent près de la moitié des intentions de vote mais le vote des indécis reste déterminant (plus de 10%, selon les sondages), en particulier chez les jeunes.
Jeu d'alliances difficile
Le scrutin du 21 mai se déroulera à la proportionnelle simple, en vertu d'une loi électorale votée par l'ancien gouvernement Tsipras, censé favoriser les coalitions.
Au total 36 partis se disputent les 300 sièges de député de la Vouli, le parlement monocaméral grec.
Or dans un pays très polarisé et peu habitué aux alliances, un accord entre deux ou trois partis pour former un gouvernement disposant d'une majorité stable reste une équation délicate.
Kyriakos Mitsotakis veut d'ailleurs éviter de devoir former un attelage gouvernemental avec d'autres partis.
L'éventualité d'un deuxième scrutin, d'ici à début juillet, s'avère donc très probable.
Deuxième élection, autre système
En cas de nouvelles élections, les Grecs voteront selon un autre système électoral en raison d'une réforme adoptée sous le mandat de M. Mitsotakis.
Le parti arrivé en tête bénéficiera alors d'une "prime" pouvant aller jusqu'à 30 sièges supplémentaires.
Le chef de gouvernement sortant se dit convaincu que l'objectif d'un gouvernement de droite "stable et fort est réalisable" lors d'une deuxième scrutin.
De son côté, Alexis Tsipras n'exclut pas une coalition avec le Pasok-Kinal. Mais ce dernier affiche aussi ses propres exigences.
Reprise, inflation
Sortie du marasme après les années de plans de sauvetage et d'austérité, la Grèce demeure une économie fragile, marquée notamment par de bas salaires.
Le pays a connu ces dernières années une importante croissance (5,9% en 2022) portée par les services, en particulier le tourisme, la marine marchande et le bâtiment.
Athènes prévoit une croissance de 2,3% pour 2023.
Cependant, les fardeaux restent la dette publique (171,3% du PIB en 2022) et le chômage (12,4%) surtout celui des jeunes (24,3%).
La crise de l'énergie et la hausse des prix alimentaires et de l'immobilier, entraînée par la vague inflationniste (9,6% en 2022), sont les principales préoccupations des électeurs.
Sécurité versus Etat de droit
L'une des principales routes migratoires vers l'UE depuis la Turquie, la Grèce a tenté ces dernières années de verrouiller ses frontières avec l'aide de Frontex (l'Agence européenne de surveillance des frontières).
Mais le gouvernement sortant, qui a fait bâtir une clôture métallique sur la frontière terrestre avec le voisin turc, est accusé de procéder à des refoulements illégaux, pratique qu'il a toujours niée.
Les violences policières se sont par ailleurs accentuées notamment lors du confinement imposé pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
Mais c'est surtout le scandale des écoutes visant hommes politiques et journalistes, révélé l'an dernier, qui a porté un sérieux coup à l'Etat de droit et mis en évidence des atteintes graves à la liberté de la presse.