Législatives 2024 : l’alliance voulue par Éric Ciotti entre LR et RN fait « honte » à ces ministres venus de la droite

Gérald Darmanin, ici sortant de l’Élysée, le 31 mai 2024.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Gérald Darmanin, ici sortant de l’Élysée, le 31 mai 2024.

POLITIQUE - Le coup de théâtre provoqué par Éric Ciotti n’en finit plus d’enflammer son camp. Le patron des Républicains a annoncé ce mardi 11 juin que la droite avait « besoin d’une alliance » avec le Rassemblement national pour les législatives du 30 juin.

Si le tollé est immense au sein des Républicains, parmi les ministres du gouvernement issus de la droite, la stupéfaction suscitée par un tel projet d’accord – inédit s’il venait à se concrétiser – est toute aussi grande.

Pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, Éric Ciotti a signé « les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen. Une honte. » « Français, réveillons-nous ! », a-t-il exhorté sur X (anciennement Twitter). Signés le 30 septembre 1938 par la France, l’Italie, le Royaume-Uni et le Reich allemand, les accords de Munich avaient notamment permis à Adolf Hitler d’annexer les régions tchécoslovaques peuplées majoritairement d’Allemands, entraînant la fin de la Première République tchécoslovaque.

« Quand j’ai rejoint le gouvernement, je n’ai pas quitté mes convictions de droite, j’ai quitté une ligne politique qui partait à la dérive. Ce que je redoutais vient d’arriver », a quant à elle écrit la ministre de la Culture Rachida Dati, qui avait été exclue de LR en janvier au moment du remaniement.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire accueille de son côté à bras ouverts dans la majorité présidentielle « tous les élus et militants LR qui refusent la collaboration ».

« La capture d’écran de la honte »

Pour Catherine Vautrin, « Éric Ciotti déshonore la droite républicaine ». La ministre du Travail, qui avait peu à peu coupé les ponts avec la droite après la défaite aux législatives de 2017, « en appelle à tous les héritiers du Général de Gaulle et de Jacques Chirac » et « à celles et ceux qui partagent nos valeurs ».

Christophe Béchu s’est pour sa part fendu d’un long message et semble particulièrement en colère, partageant « la capture d’écran (d’une alerte sur l’alliance voulue par Ciotti, NDLR) de la honte ». Le ministre de la Transition écologique et ancien maire de droite d’Angers (2014-2022) s’interroge notamment : « Où est passé mon ancien parti ? Où est passée la droite républicaine ? Où sont passées les lignes rouges de mon ancienne famille politique, ses valeurs et son honneur ? Où sont les Gaullistes, les Chiraquiens et les Sarkozystes ? Aujourd’hui, je regarde un parti qui n’est pas ma droite ! »

Le ministre du Commerce extérieur Franck Riester, à droite jusqu’en 2017, dresse ce constat pour le premier tour des législatives : « désormais, le 30 juin, nous avons le choix entre connivences et reniements avec le RN et la NUPES d’une part, et clarté des valeurs, responsabilité et courage au service des Français d’autre part ».

Même hors gouvernement, des voix de droite s’élèvent pour dénoncer le choix d’Éric Ciotti. Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau dénonce « une ligne personnelle » prise par le patron du parti, rejoint par le chef des députés LR Olivier Marleix pour qui Éric Ciotti « n’engage que lui » et doit démissionner. Dans la foulée, deux influents sénateurs, Sophie Primas et Jean-François Husson, ont annoncé quitter Les Républicains.

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