Législatives 2024 : Au nouveau Front Populaire, trois nuances de dissidences malgré l’union

Malgré une large unité sous la bannière du nouveau Front Populaire pour ces législatives anticipées, la gauche n’a pas pu gommer toutes ses disparités.

Des élus partisans du nouveau Front Populaire lors d’une manifestation contre l’extrême droite à Strasbourg le 15 juin 2024.
FREDERICK FLORIN / AFP Des élus partisans du nouveau Front Populaire lors d’une manifestation contre l’extrême droite à Strasbourg le 15 juin 2024.

POLITIQUE - À gauche, tout le monde est d’accord : face au risque d’une extrême droite au pouvoir à l’issue des législatives anticipées, l’union fait la force. De cette urgence est né le nouveau Front Populaire (NPF), avec un programme commun au PS, PCF, Écologistes et LFI et des investitures uniques pour empêcher une dispersion des voix de gauche. Enfin sur le papier.

Législatives 2024 : comme François Hollande, ces candidats (de tous bords) sont sans concurrent de la Macronie

Sur les 577 circonscriptions, 230 ont été accordées à la France Insoumise, 200 aux socialistes, 92 aux Écologistes et 50 aux communistes. Mais c’était sans compter sur les candidatures impromptues, comme celle de l’ancien président de la République François Hollande en Corrèze.

Sans compter aussi sur Jérôme Guedj, député sortant de la 6e circonscription de l’Essonne, qui a refusé l’investiture NFP sur fonds de rupture avec La France insoumise. Il affrontera donc Hella Kribi-Romdhane, conseillère régionale francilienne et numéro 1 de Génération.s, qui a annoncé sa candidature « au nom du Nouveau Front populaire ». « Le candidat du Front populaire dans cette circonscription, c’est Jérôme Guedj, et c’est le seul qui puisse avoir notre soutien », a malgré tout affirmé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur franceinfo ce 17 juin. Et ce n’est pas le seul cas où la gauche aura plusieurs représentants. Petit tour d’horizon.

Il y a tout d’abord les circonscriptions où les élus sortants n’ont pas été réinvestis… mais seront malgré tout candidat. En Seine-Saint-Denis, c’est le cas de Raquel Garrido (LFI, 5e circonscription) et d’Alexis Corbière (LFI, 7e circonscription). Écartés des investitures par leur mouvement sur fond de bisbilles internes, ils ont maintenu leur candidature (avec le soutien des autres partis de gauche) et se retrouveront face à deux autres candidats investis par LFI sous l’étiquette NFP : Aly Diouara (5e) et Sabrina Ali Benali (7e).

Législatives 2024 : Corbière, Garrido et Simonnet exclus des investitures, psychodrame à LFI

Même situation dans la 15e de Paris où Danielle Simmonet n’a pas été réinvestie par les insoumis mais maintient sa candidature. À sa place, LFI a choisi Céline Verzeletti, ex-cadre de la CGT. Dans la 5e circonscription de Marseille, le sortant (LFI) non réinvesti Hendrick Davy affrontera Allan Popelard. À noter que Frédéric Mathieu (LFI) a finalement renoncé à se maintenir en Ille-et-Vilaine (1re) et laisse donc la place la candidate investie Marie Mesmeur. Une dissidence en moins.

Il y a aussi les dissidences en mode « vengeance », reflets des mésententes qui perdurent entre les partis de gauche malgré l’union. Exemple dans la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis. La députée sortante Soumya Bourouaha a été investie par le PCF dans le cadre du NFP. Mais dimanche 16 juin dans la soirée, LFI a annoncé investir son candidat Mohamed Awad. La raison ? L’agacement des Insoumis face « au choix délibéré du Parti Communiste de soutenir plusieurs candidats dissidents à l’accord du NFP » dans le département, assume le mouvement dans un communiqué. Outre le soutien des cadres communistes, Raquel Garrido a pu compter sur celui du maire PCF de Bobigny Abdel Sadi qui se présente comme son suppléant.

Dans la 1re circonscription du Nord, la double candidature à gauche est née de l’investiture par LFI d’Adrien Quatennens, député sortant condamné pour violences conjugales. En dépit de ce passé et des crispations chez ses alliés, LFI l’a mis sur sa liste mais sans l’étiquette NFP. Insuffisant pour les militants de tous bords. En réaction, Amy Bah, membre du collectif féministe Noustoutes, s’est portée candidate au nom des « valeurs » du Nouveau Front populaire mais sans obtenir l’étiquette pour autant. Dimanche, un Adrien Quatennens sous pression a finalement renoncé. À la place, la direction LFI a choisi Aurélien Le Coq, ex-numéro 1 de la branche jeunesse du parti. Les Insoumis demandent maintenant « le retrait de toute candidature dissidente ».

Enfin, il y a les dissidences pour désaccord sur le profil investi. Dans la 1re circonscription du Vaucluse, qui couvre Avignon et où le RN s’était imposé en 2022, LFI a nommé un militant de la Jeune garde antifasciste, mouvement assumant une stratégie musclée et contestée contre l’extrême droite. Raphaël Arnault, qui vient de la région de Lyon, est fiché « S » dans le registre policier recensant les individus potentiellement dangereux pour la sécurité nationale, a confirmé à l’AFP une source proche du dossier. Ce choix a provoqué une levée de boucliers parmi les élus locaux, les socialistes dénonçant son « profil trop extrémiste ». Les forces de gauche dans le Vaucluse ont donc apporté ce lundi leur soutien à un militant local, ex-inspecteur du travail et bénévole humanitaire Philippe Pascal.

Enfin, dans l’Aude, l’investiture (1re circo) de l’ex-candidat du NPA à la présidentielle Philippe Poutou ne fait pas non plus sensation auprès des socialistes du département. Ce lundi 17 juin, l’investiture d’un nouveau candidat a été confirmée dans L’indépendant : Aurélien Turchetto, investi sans étiquette mais avec le soutien de socialistes locaux. Auprès de nos confrères, il dénonce le « parachutage » de Philippe Poutou et ses propos sur Gaza et le Hamas. « Dans une terre comme la nôtre, marquée par les attentats de Trèbes, cela ne peut pas se passer comme ça », dénonce-t-il.

À voir également sur Le HuffPost : 

  

Législatives 2024 : François Hollande et Philippe Poutou deviennent les punching-balls des macronistes

Législatives 2024 : les demandes de procuration ont afflué depuis la dissolution, le service reste ouvert