Une légèreté allemande

La guerre de Trente Ans selon Daniel Kehlmann

Deux couples errent dans une Allemagne dévastée par la guerre. Le premier est formé d’un roi et d’une reine. Le second, de saltimbanques. La guerre sera longue, très longue. Trente années en tout. Pour oublier la terreur, roi et reine demandent aux saltimbanques de les divertir. Durant un temps ils y parviennent puis l’on se perd de vue. Au final, personne ne sera heureux. Voilà en substance la trame de Tyll, le nouveau roman de Daniel Kehlmann, paru en octobre dernier en Allemagne et depuis en tête des ventes. En 2005, l’écrivain germano-autrichien avait déjà connu un succès - mondial - avec les Arpenteurs du monde (Actes Sud). Cette fois, il nous plonge dans une période éminemment sombre dont il tire pourtant un récit d’une incroyable légèreté.

Qui est le roi ?

Les Allemands aiment ressasser leur histoire. Une histoire, il est vrai, empreinte de catastrophes. Provoquées pour certaines, subies pour d’autres. Mais de toutes les catastrophes, il en est une qui reste fondatrice : la guerre de Trente Ans, dont nous commémorerons cette année les 400 ans. Nous sommes le 23 mai 1618, jour de la défenestration de Prague, symbole de la querelle entre catholiques et protestants. Vient alors l’idée saugrenue à Frédéric V du Palatinat de devenir roi de Bohême. Et c’est ainsi que le désastre commence… Après une première bataille, un an plus tard, Frédéric V perd sa couronne et même son électorat. Sauf que ni lui ni son épouse Liz ne veulent s’avouer vaincus. Jusqu’en octobre 1648 et la signature du traité de Westphalie, ils ne lâcheront rien…

Où est la guerre ?

Dans le roman, l’horreur de la guerre est décrite à travers quelques scènes très brèves. Une bataille. Des mercenaires en maraude. Le désespoir d’une population. Des régions entières sont anéanties. Des villes détruites. Et c’est probablement à cette époque que l’âme du peuple allemand commence à s’obscurcir. Avec cette peur étrange que le pire est à venir et qu’il suffit de peu (...)

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