"Là pour veiller sur le Soldat inconnu": ce 11 Novembre, la Flamme sous l'Arc de Triomphe fête ses 100 ans

Ce samedi 11 novembre 2023, cela fait 100 ans que la Flamme du Soldat inconnu brûle sous l'Arc de Triomphe. Allumée en 1923, la "Flamme du Souvenir" est un symbole de fierté et d’espérance, chargé d'entretenir la mémoire des anciens combattants de la Première Guerre mondiale.

L’idée est que "le soldat inconnu soit toujours visible et qu’il y ait un véritable culte qui lui soit rendu", raconte l'historien Nicolas Offenstadt à BFMTV.

Une initiative des anciens combattants

"Ce qui est très intéressant, c’est que ni le soldat inconnu, ni la flamme ne viennent des autorités de l’État, ce sont les anciens combattants eux-mêmes qui ont imposé ces rites", rappelle Nicolas Offenstadt.

Il y a un peu plus de cent ans, en 1920, c'est d'ailleurs un jeune soldat du 132e régiment d'infanterie qui a choisi "le Soldat inconnu", parmi plusieurs cercueils disposés dans la citadelle de Verdun. Un homme, tombé sur le champ de bataille, était alors honoré pour la première fois.

Afin d'éviter que le tombeau du Soldat inconnu ne sombre dans l'oubli, le journaliste Gabriel Boissy suggère en 1923 qu'une Flamme du Souvenir veille nuit et jour sur la tombe sacrée. Le 11 novembre 1923, la Flamme est alors allumée par André Maginot, ancien combattant et ministre de la Guerre à cette époque.

Un dispositif métallique

Si la Flamme ne s'est jamais éteinte, c'est parce que le système mis en place "a été réalisé avec beaucoup d'attention", souligne Nicolas Offenstadt. Ce qui était véritablement important en 1923 était que la flamme soit visible par tous et qu'elle ne s'éteigne pas.

"C’est un ferronnier qui a imaginé tout un système pour que le feu passe à travers des petits éléments métalliques", explique l'historien.

Et puis, il y a évidemment "la veille" qui consiste à raviver la Flamme tous les soirs à 18h30. Pour Nicolas Offenstadt, la Flamme ne peut exister sans le Soldat inconnu, puisqu'elle est avant tout présente pour honorer sa mémoire et celle de tous les combattants.

"Cette flamme est là pour veiller sur le Soldat inconnu", ajoute-t-il.

La flamme, "une figure vivante"

Auparavant, seuls les anciens combattants étaient en mesure de rallumer la Flamme. Un choix très symbolique, car allumer la Flamme du Soldat inconnu est un acte qui doit être fait avec beaucoup d’humilité.

"Ils étaient très attentifs à ça, ils disaient ‘d’abord, il faut que ce soit anonyme, il n’est pas question que quelqu’un se mette en avant !'", explique Nicolas Offenstadt.

Une sorte de "morale combattante" se met alors en place, incombant aux anciens soldats la responsabilité de veiller à ce que la flamme ne s’éteigne pas. Le temps écoulé, les nouvelles générations ont été contraintes de prendre le relais.

Aujourd’hui, les associations adhérentes, les organisations administratives ou les établissements scolaires peuvent désormais s’inscrire pour participer au ravivage de la flamme ou au dépôt d’une gerbe sur le site internet du comité.

Chargé d’entretenir le souvenir du Soldat inconnu, le Comité de le Flamme "rassemblait à l’époque quasiment tous les combattants", précise Nicolas Offenstadt.

Très vite le Soldat inconnu est devenu un monument qui fédère, au point que d’anciens combattants s’adressaient à lui "un peu comme à une figure vivante". Dans les années 1920, quand quelque chose n’allait pas, on entendait les Français s’exclamer dans la rue:

"Soldat inconnu si tu voyais ça, tu serais évidemment mécontent de ton sacrifice !", scande l’historien.

Ce samedi 11 novembre, la France célèbre l’Armistice de la Première Guerre mondiale. Après la cérémonie officielle présidée par Président de la République à 11 heures sous l’Arc de Triomphe, le centenaire du 1er allumage de la Flamme sera célébré à 18 heures, place Charles de Gaulle à Paris.

Article original publié sur BFMTV.com