Législatives 2022: Le Pen peut-elle confirmer ses succès du second tour dans les Outre-mer?

Marine Le Pen lors de sa viste en Guadeloupe le 27 mars 2022, avant le premier tour de l'élection présidentielle (Photo: CEDRICK ISHAM CALVADOS via AFP)
Marine Le Pen lors de sa viste en Guadeloupe le 27 mars 2022, avant le premier tour de l'élection présidentielle (Photo: CEDRICK ISHAM CALVADOS via AFP)

Marine Le Pen lors de sa viste en Guadeloupe le 27 mars 2022, avant le premier tour de l'élection présidentielle (Photo: CEDRICK ISHAM CALVADOS via AFP)

POLITIQUE - “On aura du mal à obtenir des sièges, mais on ne fera pas de scores ridicules.” Voilà ce qu’espère André Rougé, le “Monsieur Outre-mer” du Rassemblement National, pour les élections législatives. Autant le dire d’emblée: une qualification au second tour dans une seule circonscription serait un exploit pour le parti.

Ce mercredi 11 mai, le Rassemblement national a investi 21 candidats dans les 27 circonscriptions ultramarines. C’est moins qu’en 2017, où le Front national de l’époque avait des représentants partout, à l’exception de Wallis-et-Futuna.

Au HuffPost, André Rougé explique qu’il s’agit cette fois de “transformer l’essai” de la présidentielle, où Marine Le Pen est arrivée en tête dans neuf territoires sur onze au second tour face à Emmanuel Macron. Concrètement, le RN espère faire mieux qu’aux législatives de 2017... et la barre n’est pas très haute.

“La présidentielle nous a permis de nous implanter”

En 2017, le parti d’extrême droite n’avait dépassé les 10% que dans une seule circonscription, la 2e de Nouvelle-Calédonie. Sa candidate avait obtenu 11,69% des suffrages, insuffisant pour accéder au second tour. Ailleurs, les scores étaient dérisoires: de moins de 1% à 8% dans les meilleurs des cas.

Cette fois, cependant, le porte-parole du RN pour les législatives en Outre-mer estime que plusieurs éléments peuvent rebattre les cartes. Il cite en premier les bons scores de Marine Le Pen au second tour, preuve selon lui que la candidate RN a réussi à modifier son image dans l’ensemble des territoires, en dépassant les seuls îles de l’océan Indien (Mayotte et la Réunion), où son discours a toujours trouvé davantage d’écho.

“On aura du mal à obtenir des sièges, mais on ne fera pas de scores ridicules”André Rougé, porte-parole du RN pour les législatives dans les Outre-mer

Alors qu’il y a 35 ans, Jean-Marie Le Pen se faisait refouler à l’aéroport de Martinique, sa fille y a recueilli 60,87% des suffrages exprimés au second tour. “Une très bonne surprise”, se réjouit André Rougé, car la fédération locale est “faible”. Même constat en Guadeloupe, où Marine Le Pen s’est rendue fin mars, une première pour un membre de sa famille. Lors de ce déplacement, son directeur adjoint de campagne Jean-Philippe Tanguy confiait au HuffPost que “ce n’est pas Mayotte, mais Marine Le Pen y a progressé”. Le 24 avril, elle a enregistré 69,6% des suffrages exprimés, son meilleur score, tous départements de France confondus.

“La présidentielle nous a permis de nous implanter, maintenant, j’espère que l’on pourra transformer l’essai”, glisse le porte-parole du RN.

La faiblesse des uns fait-elle la force du RN?

André Rougé mise aussi sur “l’affaiblissement des Républicains et du Parti socialiste”. Les résultats de la présidentielle le confirment, mais l’alliance de la NUPES pourrait changer la donne à gauche. Sans oublier que Jean-Luc Mélenchon a été plébiscité au premier tour. Aux Antilles-Guyane, il a obtenu plus de 50% des suffrages exprimés et, dans tous les autres territoires, sa progression est notable par rapport à 2017. C’est le cas à Mayotte, où le candidat LFI est arrivé deuxième, 20 points derrière la candidate RN, mais avec un score deux fois plus élevé qu’il y a cinq ans.

“En Martinique et en Guadeloupe, il y a une tradition de gauche très forte (...). LFI peut facilement s’appuyer sur ces forces de gauche pour s’imposer aux Antilles et en Guyane,analyse Martial Foucault, titulaire de la chaire Outre-mer à Sciences Po, dans L’Obs. À La Réunion, des leaders socialistes comptent encore, même s’ils n’ont pas pu empêcher la vague du RN. Les gauches fragmentées y sont actuellement en grande difficulté, mais, avec une candidature commune, elles peuvent espérer des gains importants autour du score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour.” Soit autant de points pris à l’extrême droite.

D’autres facteurs sont aussi susceptibles de “désavantager grandement le RN”, selon le spécialiste: le manque de “structure” du parti, impossible à combler en quelques semaines; l’abstention traditionnellement très forte (au-delà de 70% aux législatives de 2017 dans quatre territoires), ou encore la multitude de partis représentés - à titre d’exemple, dans la 1ère circonscription de Nouvelle-Calédonie en 2017, 12 candidats étaient en lice au premier tour. “Il y a plus de chances d’avoir Jean-Luc Mélenchon face à Emmanuel Macron plutôt que Marine Le Pen face à un autre candidat”, résume Martial Foucault. Pas de quoi “transformer l’essai”.

À voir également sur Le HuffPost: Marine Le Pen perd une nouvelle fois le second tour de la présidentielle avec 41,45% des voix

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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