Kirill Serebrennikov : « Limonov est un Joker russe »

Toujours fasciné par la mythologie du rock, Kirill Serebrennikov aligne une succession de séquences éclatées qui rappellent le nihilisme punk de l’époque, portées avec beaucoup de force par l’acteur britannique Ben Whishaw.  - Credit:DR
Toujours fasciné par la mythologie du rock, Kirill Serebrennikov aligne une succession de séquences éclatées qui rappellent le nihilisme punk de l’époque, portées avec beaucoup de force par l’acteur britannique Ben Whishaw. - Credit:DR

Retour à la compétition cannoise de Kirill Serebrennikov qui trace le portrait de l'écrivain russe Édouard Savenko, devenu Limonov (1943-2020), natif de Kharkov, architecte de sa propre légende sulfureuse et doté d'un ego surdimensionné. Un poète du chaos rendu célèbre par le récit d'Emmanuel Carrère, prix Renaudot, dans lequel il racontait, dans un mélange de fascination-répulsion, la folie d'un personnage exalté, ses contradictions, ses frasques, ses vertiges suicidaires entre Moscou, Paris, les Balkans et New York.

Dans Limonov  la ballade, le cinéaste russe s'empare à la hussarde de cet aventurier jusqu'au-boutiste. Tout à la fois ouvrier, poète à Moscou, puis majordome à New York, coqueluche littéraire à Paris, milicien pro-serbe en Bosnie, prisonnier en Sibérie après avoir après avoir fondé le Parti national-bolchévique, militant d'un grand empire eurasien, et, enfin, soutien de Poutine.

On découvre l'homme dans sa jeunesse, réciter ses premiers poèmes et tomber amoureux d'une certaine Elena. Tandis qu'ils font l'amour, on voit à la télévision le visage de Soljenitsyne, un dissident dont il se moque, lui qui rêve de conquérir le monde et de faire la révolution avec ses livres. Il est prêt à tout pour ça, même à devenir clochard à New York, à coucher avec un sans-abri, à hurler contre cette société capitaliste qu'il vomit sur l'air de Walk on the wild side de Lou Reed.

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