King Krule, le magicien d’«OOZ»

Rencontre avec le Londonien, déjà chevronné à 23 ans, qui sort un album méditatif et bileux, entre trip-hop, jazz et r’n’b ouaté.

«J’aime l’idée que ma musique soit connectée avec tous les weirdos, les gens étranges, les rebuts du monde entier, tout comme moi», décoche-t-il d’une voix pesante comme une ancre. Sur son album The OOZ, le Londonien King Krule, 23 ans, nous entraîne, en 19 étages, dans une descente vers les grandes profondeurs, là où les genres se transcendent. Archy Marshall n’est pourtant pas un aventurier. Il dort toujours dans le même lit que celui dans lequel sa mère l’a livré au monde, dans le sud de Londres. Délivrance pour elle, mais pas pour lui, pour qui la vie n’est pas une série de guilis. Nous le rencontrons à Paris trop tôt pour lui, un matin solaire qui s’assombrit dès qu’il ouvre cette bouche où se niche une dent en or. Sa voix, qui tonne dans son corps de post-adolescent menu et pâlot, nous laisse penser qu’il est doublé en direct. Comme le méchant raté d’un blockbuster.

King Krule pourrait aussi être possédé par un démon qui aurait avalé tout Lord Byron et le recracherait à notre époque, avec quelques «hoes» tirés du langage fleuri du XXIe siècle en prime. Tout ceci nous avait déjà secouée lorsqu’il avait joué pour l’une de ses premières fois en France, en 2011 au Midi Festival de Hyères. Il n’avait encore que 16 ans. Crooner sans obsession de séduction, guitariste, beatmaker, il a sorti moults remix et le remarquable album 6 Feet Beneath the Moon en 2013. Puis, en 2015, avec son frère aîné Jack, il a publié un recueil de textes illustrés, accompagnés d’une BO, nommé A New Place 2 Drown («un nouvel endroit où se noyer»).

«Muzak». «J’ai passé beaucoup de temps à jouer partout. Quand je suis rentré de tournée, tout ce que je voulais, c’était me cacher. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression d’avoir perdu quelque chose en moi. J’ai passé trop de temps à faire des morceaux hip-hop. J’ai aimé écouter la nouvelle vague de grime, Slowthai, le (...)

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