Yahoo Actualités «Kinds of Kindness», la fable antipathique de Yórgos Lánthimos sur le besoin d'être aimé
Quand on cherche trop à plaire, on finit souvent par faire n'importe quoi, et renier sa propre identité. Voilà un piège dans lequel Yórgos Lánthimos n'est pas tombé. Avec son cinéma à base de paraboles tordues, de violence frontale et de jeux de pouvoir malaisants, le réalisateur réussit depuis une quinzaine d'années à toucher un public de plus en plus large et enthousiaste.
Le grec de ses débuts a laissé place à l'anglais, et les stars oscarisées se bousculent dans ses films (Colin Farrell, Olivia Colman, Rachel Weisz, Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Jesse Plemons…). Primé à chaque nouvelle réalisation, Yórgos Lánthimos est désormais la coqueluche des festivals de cinéma.
Mais le cinéaste n'a pour autant rien perdu de sa patte satirique et malaisante. Après avoir décroché le Lion d'or à la Mostra de Venise pour Pauvres Créatures en 2023, le Grec est revenu en compétition au Festival de Cannes 2024, avec un de ses projets les plus radicaux et antipathiques. Divisé en trois paraboles sur des personnages prêts à tout pour être aimés, Kinds of Kindness ne se préoccupe pas le moins du monde d'être apprécié. Et c'est ce qui le rend si délectable.
Abuser et être abusé
D'une durée de 2h45, Kinds of Kindness est en fait la somme de trois parties pensées comme des moyens-métrages (génériques de fin inclus). Elles ont en commun leur casting (Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe, Hong Chau, Mamoudou Athie…), leur ton sec et glaçant, et surtout, leur thématique: des personnages antipathiques, pris dans de perturbantes relations d'emprise.
Le tube Sweet Dreams d'Eurythmics, qui retentit dans les premières secondes du film, n'est pas juste là pour mettre l'ambiance. Il rappelle aussi qu'ici, il n'y a que deux types de personnes: celles qui veulent abuser de vous, et celles qui veulent être abusées.
La première histoire suit Robert (Jesse Plemons), un homme qui laisse un…
