Kako Nubukpo : « Le débat sur les avantages et inconvénients du franc CFA reste interdit »

Kako Nubukpo, économiste, ancien ministre de la Prospective et de l'Évaluation des politiques publiques du Togo et actuellement commissaire de l'UEMOA chargé de l'Agriculture, des Ressources en eau et de l'Environnement, organise régulièrement des États généraux de l'éco, sur la future monnaie ouest-africaine qui se fait attendre. Le prochain rendez-vous aura lieu en 2025.  - Credit:DR

Jamais dans l'histoire le franc CFA – monnaie coloniale des territoires français d'Afrique créée en 1945 et utilisée dans les pays d'Afrique de l'Ouest et centrale – n'a été aussi proche de sa disparition. D'un côté, le nouveau président élu au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, fait de la sortie du franc CFA l'une de ses promesses de campagne. De l'autre, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, réunis au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé fin janvier avec fracas leur volonté de créer une monnaie commune… pour remplacer le franc CFA dont les billets sont toujours imprimés à Chamalières, en France. Un mouvement simultané inédit qui fait ressurgir des débats plus larges autour de la pertinence de cette monnaie et aussi sur les projets d'avenir comme la mise en place de l'éco, la future monnaie commune des 15 pays de la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Comment l'économiste togolais Kako Nubukpo, reconnu pour ses travaux de recherches sur le franc CFA, observe-t-il ces derniers soubresauts ? Le Point Afrique a recueilli sa parole.

Le Point Afrique :Pour la première fois, un parti politique qui accède au pouvoir au Sénégal soutient et se fait le porte-voix des revendications des populations, au niveau national mais également régional, sur l'abandon du franc CFA. Qu'est-ce que cette nouvelle donne traduit sur la dynamique actuelle au Sénégal ? Et à plus large échelle au niveau régional ?

Kako Nubukpo : C'est une très bonne no [...] Lire la suite