Juppé ne paiera pas sa cotisation 2018 au parti Les Républicains

Alain Juppé a annoncé lundi qu’il ne paierait pas sa cotisation 2018 au parti Les Républicains et qu'il prenait du recul pour "observer" le positionnement de Laurent Wauquiez, président de la formation de droite, sur le Front national et l'Europe. /Photo d'archives/REUTERS

BORDEAUX (Reuters) - Alain Juppé a annoncé lundi qu’il ne paierait pas sa cotisation 2018 au parti Les Républicains et qu'il prenait du recul pour "observer" le positionnement de Laurent Wauquiez, président de la formation de droite, sur le Front national et l'Europe.

"Je n’ai pas payé ma cotisation LR 2017 et je n’ai pas l’intention de payer celle de 2018", a indiqué l’ancien Premier ministre lors de ses voeux à la presse à Bordeaux.

"Je prends du recul et je vais observer, notamment dans la perspective des élections européennes de 2019", a-t-il ajouté, rappelant qu’il avait tracé deux lignes rouges infranchissables pour son parti, la lutte contre le Front national et la défense du projet européen.

Alain Juppé a refusé de dire s'il se mettait en congé du parti et a expliqué qu'il n'avait pas l'intention de rejoindre La République en marche, la formation d'Emmanuel Macron, même s'il a envisagé en novembre de constituer un "axe central" entre pro-européens en vue des élections européennes de 2019.

En froid avec la ligne droitière de Laurent Wauquiez, il a dit comprendre la position du président du Conseil départemental de Charente-Maritime, le juppéiste Dominique Bussereau, qui a annoncé ce week-end qu’il se mettait en congé des Républicains.

L'ancien Premier ministre LR Jean-Pierre Raffarin, qui a quitté la scène politique, s'est quant à lui vu confier une mission de soutien aux entreprises françaises en Chine par le gouvernement français.

"Il lui a demandé à de porter les préoccupations de nos entreprises au niveau de décision chinois le plus approprié, en pleine coopération avec notre ambassade à Pékin, les services de l’Etat concernés et l’opérateur Business France", peut-on lire dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

LE PEN SALUE UNE "CLARIFICATION"

"Il s’agira de soutenir les entreprises françaises, en particulier les PME et les ETI, dans les difficultés qu’elles peuvent rencontrer sur le marché chinois. Les domaines de l’agroalimentaire, de la santé, des énergies renouvelables et du développement urbain durable feront l’objet d’une attention particulière."

Eric Woerth, président LR de la commission des Finances de l'Assemblée, a estimé que la décision d'Alain Juppé était "quasiment inscrite dans [sa] logique politique".

"Il n'y a pas de raison de quitter les Républicains, de se mettre en berne des Républicains, on a besoin de tout le monde. Si les gens partent, il ne reste plus que quelques-uns, ce n'est pas la bonne manière de faire vis-à-vis d'une formation politique héritière d'une longue histoire qui a vécu des moments très difficiles",

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a salué quant à elle le choix d'Alain Juppé, estimant que "tout ce qui contribue à la clarification du débat est une bonne nouvelle.

"Je suis heureuse de cette clarification. Ça n'est jamais que la continuité de cette recomposition politique que nous avions théorisée, que nous avons engagée et qu'incontestablement le président de la République a accélérée", a-t-elle déclaré lors de ses voeux à la presse.

"Le parti Les Républicains est complètement déchiré entre ceux qui sont des européistes convaincus et ceux qui sont des eurosceptiques et je pense que M. Wauquiez aura le plus grand mal à rester aujourd'hui dans l'ambiguïté sur ce sujet", a aussi estimé l'ancienne candidate à l'élection présidentielle.

(Claude Canellas, avec Elizabeth Pineau, Simon Carraud et Yves Clarisse, édité par Yves Clarisse)