Julian Eltinge, itinéraire d'un précurseur du drag

Détail d'une affiche représentant Julian Eltinge et son double féminin (1925). | Wikimedia Commons
Détail d'une affiche représentant Julian Eltinge et son double féminin (1925). | Wikimedia Commons

À l'occasion de la parution de Beautiful: The Story of Julian Eltinge, America's Greatest Female Impersonator, ouvrage signé par l'écrivain Andrew L. Erdman, The Guardian se penche sur la vie de cet artiste né en 1881 dans le Massachusetts. Grâce à des costumes très élaborés, des corsets serrés et un talent hors pair en matière de maquillage, Julian Eltinge a pu se consacrer à sa passion, la scène, en y incarnant pendant des décennies un personnage féminin.

Avant cela, le comédien s'est d'abord illustré dans l'univers du vaudeville, genre pour lequel il était manifestement doué, puisqu'il est devenu l'un des comédiens les mieux rémunérés de son époque. Mais ni son succès dans le domaine comique ni les nombreuses propositions lui arrivant de Broadway ne semblaient le satisfaire: Julien Eltinge rêvait d'autre chose et s'est employé à atteindre son objectif sans faire de concession.

Lambda à la ville

C'est une comédie musicale nommée The Fascinating Widow qui lui permet de trouver enfin un rôle plus aligné avec ses désirs: il y interprète un étudiant se faisant passer pour une femme dans le but de reconquérir sa petite amie. Le spectacle, qui connaît un grand succès, rencontre un large public au gré d'une tournée qui dure plusieurs années. À l'issue de celle-ci, Hollwyood commence à lui faire les yeux doux. Il est embauché pour jouer dans The Isle of Love, film muet sorti en 1920 dans lequel il côtoie la star Rudolph Valentino. Cette fois, il incarne un paysan menant une révolte contre un duc, et à qui il arrive de se travestir.

Il est bien difficile de démêler du faux dans l'histoire de Julian Erlinge, car il prenait apparemment plaisir à fabuler face aux journalistes. Il raconta par exemple avoir étudié l'architecture à Harvard, où il n'a en fait jamais mis les pieds. Peut-être était-ce une façon de ne pas révéler ses traumatismes de jeunesse: renié et violenté par son…

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