La juge d'instruction Sabine Kheris, en charge du pôle cold cases, demande davantage de moyens

Estimant à un millier le nombre de cold cases en France, la juge d'instruction Sabine Kheris a demandé vendredi davantage de moyens pour le pôle national dédié aux affaires non élucidées, qu'elle coordonne depuis un an.

Depuis son installation en mars 2022 à Nanterre (Hauts-de-Seine), cette division inédite a analysé plus de 200 dossiers et ouvert près de 70 informations judiciaires. "En un an, ce pôle est entré dans le paysage judiciaire", s'est félicitée Sabine Kheris, lors d'un colloque organisé par la faculté de droit de Nanterre.

Outre les affaires récupérées par Nanterre, des magistrats d'autres juridictions sollicitent le pôle pour avoir "des conseils" sur la manière de mener leurs propres investigations, précise la magistrate, notamment connue pour avoir obtenu des aveux du tueur en série Michel Fourniret.

Le pôle constitue "un changement total de paradigme" pour travailler "de manière moderne sur des dossiers anciens", a aussi souligné Caroline Gontran, procureure adjointe à Nanterre, rappelant l'ambition de contribuer à la constitution d'une mémoire criminelle nationale et européenne.

"Besoin de personnels"

"L'important est de donner des réponses pour éviter qu'un criminel soit dans la nature et puisse recommencer", a poursuivi Sabine Kheris, constatant que le tribunal de Nanterre ne pourrait enquêter sur tous les cold cases de France, dont elle évalue le nombre à un millier.

Déjà, pour les près de 70 dossiers à l'instruction, la juge a déploré un manque de moyens: elle attend encore l'arrivée d'un officier de liaison et d'un officier de police judiciaire.

"Quand vous recevez des dossiers de toute la France, parfois dans un état pitoyable, vous avez besoin de personnels pour la mise en forme" afin de vous consacrer "au fond du dossier", a-t-elle insisté.

Des "difficultés procédurales"

Sabine Kheris a également mis en avant "des difficultés procédurales" pour mener à bien les enquêtes sur des faits remontant à parfois un demi-siècle.

Par exemple, "des scellés sont détruits en toute légalité car la loi n'a pas prévu (le cas du) cold case", note la magistrate. Et "le fichier des personnes disparues n'est pas mis en parallèle avec un fichier de personnes retrouvées", a-t-elle regretté.

De son côté, le procureur général de la cour d'appel de Versailles, dont dépend le tribunal de Nanterre, a ouvert des pistes de réflexion. "L'option nationale du pôle est-elle pertinente? Doit-on s'orienter vers une organisation interrégionale?", a questionné Marc Cimamonti.

Article original publié sur BFMTV.com