Judo: Teddy Riner, un premier galop d’essai à Marrakech

A Marrakech, Teddy Riner est comme chez lui. C'est sa base. Il n’a presque eu qu’à traverser la rue pour aller disputer cette compétition classée Continental Open, la plus petite catégorie du circuit internationale. Riner et son staff, ont fait ce choix maison plutôt que d’organiser des test-matchs: "Là il était sur place. Il voulait prendre des repères voir ce que on avait mis en place à l’entrainement Pas besoin d’organiser des tests matches comme on a l’habitude de le faire. Il y a la pesée la veille, les accréditations, tout ce qu’il n’y a pas sur un test-match", résume Franck Chambily, entraîneur de longue date du double champion olympique individuel. Avec un tableau à 12 combattants engagés en plus de 100 kilos, souvent modestes, ce n’était pas un guêpier. Un premier tour face au Marocain Anass Rhefraoui sans classement mondial et éjecté en 1’06 aux pénalités sans avoir rien tenté.

Au deuxième tour, Riner testait le jeune Tieman Diaby, double champion de France senior, licencié au Racing Club de France. Passée une phase de kumikata intransigeante il l’a enroulé sur un makikomi pour ippon. En finale, le Camerounais Daniel Mepoui Anong, 102e mondial chez les lourds, a décollé sur uchi-mata après 1’36. "Les partenaires en face à ce niveau d’opposition ne veulent pas tomber, ils mettent les brancards et ils prennent les pénalités. Leur objectif c’est de prendre Teddy et de ne pas tomber. En finale, il a trouvé le moment opportun pour lancer uchi-mata", résume Chambily. Ce dernier a suivi la compétition depuis les tribunes, laissant la chaise à Christian Chaumont, ancien coach de Riner à Levallois et qui a retrouvé le groupe du colosse récemment. Marrakech était le premier tournoi d’un enchaînement de deux compétitions.

L'importance du classement

Dimanche prochain, le judoka sera à Madrid pour une autre compétition de ce niveau, avec 100 autres points à la clef. En cas de victoire en terre espagnole, Riner changera son tableau aux Jeux olympiques. Aux JO, il n’y a qu’un seul combattant par pays et par catégorie. Il y a deux Russes devant le Français au classement des plus de 100 kilos : Inal Tasoev et Tamerlan Bashaev. Sauf énorme surprise c’est le premier nommé qui tentera le pari d’aller chercher l’or au Grand Palais Ephémère le 2 août. Après son trip maroco-espagnol, Riner peut arriver en sixième position. Il est actuellement septième avec 70 points de retard sur le Japonais Tatsuru Saito. A travers cette place, il y a aussi un quart de finale bien différent en vue. Si Riner reste septième, ce sera le Russe Inal Tasoev. Peut-être le plus dangereux du top 8, le seul droitier aussi, avec qui il a partagé le titre mondial 2023 au terme d’une décision arbitrale qui a fait couler beaucoup d’encre. Si le Guadeloupéen déloge Saito de son strapontin, il aura un quart de finale contre le Tadjik Rakhimov. Riner l’a rencontré deux fois et puni deux fois. La première en demi-finale des Mondiaux 2023 et la seconde il y a quelques semaines devant le public de Rakhimov au tournoi du Tadjikistan. En revanche, Riner ne basculerait pas d’un autre côté du tableau. Il pourrait se retrouver avec Tasoev ou Saito en demi-finale.

L’entourage de Riner n’a pas fait ces calculs d’apothicaire. Franck Chambily s’en défend. Il n’y qu’une préparation de la machine pour le rendez-vous des JO: "C’était vraiment l’entraînement à travers la compétition. On a vraiment hésité à faire les Mondiaux. Ces opens sont bien placés. C’était plus simple d’aller sur ces deux compétitions pas coûteuses en voyage. Les autres autre peuvent aussi faire des compétitions (le classement s’arrête le 23 juin). Le plus important c’est de préparer les JO à travers ces deux compétitions." Madrid dernier stop face à une opposition un peu plus relevée avant un dernier stage face aux étrangers. "Les JO on y est déjà", conclut Franck Chambily.

Article original publié sur RMC Sport