Judo: lancer de shurikens, shopping et entraînement, le carnet de voyage de Shirine Boukli en stage au Japon
"Toujours spécial de venir ici"
"Ça fait un petit moment que je vais au Japon. Combien de fois ? Je me souviens de mon premier voyage c’était en 2018 quand j’étais junior. C’est toujours spécial de venir au Japon. Ça reste le berceau du judo, les traditions la culture. J’adore le Japon. C’est un droit où j’aime aller. Quand on y va je suis trop contente tant sur le plan sportif que les balades dans la ville, le shopping. C’est toujours agréable de venir ici."
"Pieds nus dans les ascenseurs"
"La première semaine, on était au dojo de Komatsu (entreprise d’engins de chantiers), une université vraiment pas mal. Ce n’est pas comme un club français. Ce sont des entreprises qui sponsorisent des universités. En rentrant là-dedans, c’est assez impressionnant. On nous ouvre les portes. Comme partout au Japon, on enlève les baskets en entrant. C’est assez spécial de marcher pieds nus, de prendre les ascenseurs pieds nus. C’est un complexe, comme l’Insep mais c’est seulement une université. Il y a une laverie, une salle de musculation, un dojo, des vestiaires, un dortoir.
C’est complet et assez impressionnant. Le dojo est très beau, il est bleu, très éclairé. On a commencé une deuxième partie du stage au centre national à Tokyo. D’autres universités japonaises sont là mais d’autres pays aussi comme les Israéliennes, les Mongoles, les Polonaises... Le centre national est un centre olympique où les équipes nationales de plusieurs sports peuvent s’entraîner. Les judokas n’y viennent pas sauf pour des regroupements. C’est une énorme surface de tapis. Ils ont changé les couleurs depuis mon premier passage où on était ébloui. Il y a le salut complet avec plusieurs saluts différents avant de commencer la séance."
Jusqu’à 12 combats par séance
"On fait beaucoup de randoris (combats d’entraînement). Les Japonais ont beaucoup de routines d’échauffement que l’on fait toutes ensemble, sur une ligne. Ensuite il y a des uchi-komi (répétition technique). A Komatsu, il y avait 5-6 combats. Mais au centre national ça peut être 12 randoris. C’est de la quantité. On a aussi de la préparation physique et de la musculation à notre programme. On est venu ici pour le judo. C’est épuisant mais c’est un rythme à tenir. On s’y habitue. En France, on ne fait jamais 12 randoris, on fait six combats et on est épuisé. Ici c’est autre chose en terme d’agressivité et d’impact. Il y a une phase d’adaptation. Au bout d’un moment on y arrive."
Elle n’a pas affronté sa concurrente japonaise des JO
Je l’ai (Natsumi Tsunoda) rencontrée un soir à l’Ambassade de France à l’occasion d’un point presse. On avait réuni quatre Françaises qui vont participer aux JO et quatre Japonaises aussi sélectionnées. C’est le seul moment où je l’ai vue. Je ne l’ai pas encore vue sur le tatami. C’est intéressant de venir au Japon car je recherche le judo japonais, les gauchères. On cherche la confrontation, de l’opposition. C’est ce que toutes les Japonaises de n’importe quelle université nous proposent. On fait de la quantité et de la qualité. Elles mettent de l’engagement. C’est difficile. En France, on a du mal à se retrouver comme ça avec autant de filles. Il y a toujours quelqu’un qui va venir nous poser problème. On va reprendre et chercher les solutions. Pour ma part je ne partage pas grand-chose avec les Japonaises. Ce sont des ennemies et pas des copines. Je sais que certaines sont très sympas. On peut se dire bonjour. Des coéquipières vont parfois au restos avec des Japonaises. Pour moi, ça reste de la concurrence."
"Moi c’est shopping"
"On fait beaucoup de choses ensemble avec les autres filles de l’équipe de France. On fait les entrainements ensemble et ensuite il y a des groupes qui se créent en fonction des centres d’intérêts. Certaines vont aller à Akihabara (quartier de Tokyo) pour du gaming et d’autres à Ginza (autre quartier) pour du shopping. Moi je suis shopping, shopping, shopping. J’ai acheté un nouvel appareil photo récemment pour faire des vidéos et des vlogs sur Youtube. A la base, je tournais avec une GoPro. Je me suis engagée à faire des vidéos régulières alors je me suis dit que je devais avoir un appareil qualitatif.
Depuis décembre, je réfléchissais. Je me répétais ‘la prochaine fois que je vais au Japon, j’en achète un’. Là j’ai acheté mon premier vrai appareil pour faire des vidéos Youtube. Je suis très content. Tout ce qui est électronique est beaucoup moins cher. Il y a une détaxe pour les voyageurs. Les Japonais sont très fashion aussi. En terme de mode il y a beaucoup de choses. J’aime bien leur style, leur manière de s’habiller. J’aime bien être différente et porter des choses que pas grand monde a. Quand je peux en profiter lors de mes voyages au Japon pour ramener des fringues que peu de gens portent j’aime bien, ça fait stylé."
Concours de lancer de shurikens
"Avec les filles on s’est baladé dans le quartier d’Asakusa avant que les filles qui débarquaient du tournoi d’Ouzbékistan nous rejoignent. On cherchait des couteaux japonais. En passant, on a vu un musée de l’expérience ninja. On a vu que ça pouvait se faire par groupe. Les filles étaient toutes partantes. On s’est dit 'go'. On a eu l’occasion de se déguiser en samouraï puis de visiter le musée avec une guide. Ensuite, on a fait un concours de lancer de shurikens (étoiles de ninja). Avec Romane (Dicko) on était vraiment pas mal. Un de nos voisins a levé la main pour dire qu’il avait gagné mais je pense qu’il a triché. A mon avis c’était égalité.
On a ensuite fini par un petit goûter au Mister Donut qui était trop bon. On a rigolé sur plein de trucs ! (Elle demande à ses coéquipières) Pour l’expérience ninja, à la base, on pensait que ça allait vraiment être un truc ninja ! On se déguise, trop bien et là on nous dit qu’il faut rendre les affaires. Trop nul ! On voit que tout le monde était très sérieux dans ce musée et nous on n’était pas parti pour une visite sérieuse. On ne s’attendait pas à ça. Ça s’est bien terminé. Il y a le kiné, Hugo qui a couru dans le métro. Son sac à dos s’est retrouvé bloqué dans la porte de la rame. Les Japonais ne courent pas dans le métro. Ils étaient choqués par cette attitude puis morts de rire car ils ont vu qu’on était des Européens."