"Tous les jours je l'appelais pour lui dire de partir": au cœur d'une évacuation de civils à Kharkiv
Voilà 20 km que Natalia marche le long de cette route, une partie de sa ferme au bout du bras. Comme de nombreux habitants de Voltchansk, dans la région de Kharkiv, cette agricultrice est forcée à l'exode. Elle fuit le nord du pays, sous le feu, depuis l'intensive offensive russe lancée la semaine dernière.
L'agricultrice a pourtant tout fait pour rester chez elle, malgré les appels quotidiens de sa fille, Tatiana. "Tous les jours je l'appelais pour lui dire de partir", témoigne cette dernière, qui parvient finalement à convaincre sa mère.
La police et quelques volontaires
Pour évacuer les centaines d'habitants restés dans la région, il ne reste que la police et quelques volontaires comme Dmytro. Le jeune homme roule, pied au plancher, pour éviter bombes aériennes et artilleries qui pleuvent presque sans discontinuer sur la ville. Sur la route, le convoi marque le pas: un drone kamikaze ennemi a été repéré.
Les dernières âmes à rester dans la région sont surtout des personnes âgées. Mais elles doivent faire vite tant chaque seconde passée dehors représente un risque pour sa vie.
À la sortie de la ville, les exilés n'ont que quelques affaires emballées hâtivement dans des sacs plastiques. Les souvenirs d'une vie qu'il faudra bien reconstruire ailleurs.
Une situation "extrêmement difficile" dans le nord-est
L'Ukraine tente de contenir l'avancée militaire russe dans le nord-est du pays où la situation reste "extrêmement difficile", selon le président Volodymyr Zelensky. Dans la région de Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine, Moscou mène, depuis le 10 mai, une offensive qui lui a permis d'engranger ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022.
La région est désormais sous la menace d'une invasion terrestre du voisin et ennemi russe. Toutefois, selon un haut-responsable militaire de l'Otan, Moscou n'a "pas les forces nécessaires pour réaliser une percée stratégique".
Les autorités ukrainiennes ont accusé l'armée russe d'avoir exécuté au moins un civil ukrainien et d'en utiliser une quarantaine d'autres comme "boucliers humains" à Vovtchansk, localité de la région de Kharkiv (nord-est) et cible d'un assaut des troupes russes qui ont conquis, selon des estimations de l'AFP, près de 260 km2 en une semaine.