"Quelques jours pas plus": le film avec Camille Cottin visé par un "raid" de messages "haineux"

La promotion, sur internet, du long-métrage Quelques jours pas plus s'est heurtée au courroux de l'"extrême-droite". C'est ce que dénonce la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) dans un communiqué, qui fait état de centaines de "messages haineux" publiés contre ce long-métrage porté par Benjamin Biolay et Camille Cottin avant même sa sortie, le 3 avril dernier.

Le chanteur y campe Arthur, un ancien journaliste musical qui, pour plaire à la responsable d'une association d'aide aux migrants, accepte d'héberger chez lui un jeune afghan. Pour la SRF, c'est le pitch de ce film signé Julie Navarro qui lui a valu une avalanche de commentaires négatifs, dont certains sont relayés dans le communiqué:

"Un truc pro-migrants. À vomir", peut-on lire. "Les Français d'abord!", s'agace un autre. "Que ces deux blindés bobos 'artistes' les accueillent chez eux au lieu de faire des films", vitupère un troisième.

View this post on Instagram

! 🐚🐪

A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Ces commentaires "sont à l'image des centaines de ceux postés sur la page Facebook et sur le site internet du film, suite à la mise en ligne de sa bande-annonce, quelques semaines avant sa sortie", déplore la SRF.

Outre les "éventuelles avant-premières", ils émanent donc "de personnes n'ayant pas vu ce film", souligne-t-elle. "Cette campagne particulièrement violente et massive a contraint le distributeur à supprimer un à un les 971 (!) messages haineux de la page Facebook du site."

Une "campagne de censure" aux "effets très concrets"

Les commentaires négatifs se sont poursuivis avec des "centaines de mauvaises notes" sur Allociné. "Ces croisades ont des effets très concrets: elles entravent la diffusion des films", dénonce la SRF, évoquant les longs-métrages Amin ou Rodéo qui ont fait les frais de "la même haine aveugle, anonyme et décomplexée" ces dernières années:

"Les projets mettant en scène des personnes étrangères ou d'origine étrangère vivant en France et ceux questionnant les politiques de maintien de l'ordre pourraient devenir de plus en plus difficiles à produire, les financeurs et les diffuseurs redoutant de telles campagnes de censure."

Le Syndicat appelle Allociné à "faire tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas laisser des œuvres et leurs auteurs démunis face à de tels raids", et demande aux pouvoirs publics de "trouver un cadre susceptible de garantir la liberté effective de diffusion des œuvres (...) tout en veillant au libre exercice de la critique."

La réalisatrice, qui relaie ce communiqué sur son propre compte Instagram, dénonce les "seaux de vomi, propos haineux, racistes et décomplexés" qui ont envahi le compte Facebook du distributeur, Bac Films, ainsi que la chaîne Youtube d'Allociné qui s'est vue "contrainte de désactiver tous les commentaires" sous la vidéo de la bande-annonce:

"Pour museler l'extrême-droite, on muselle tout le monde!", déplore-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com