La journaliste de Disclose Ariane Lavrilleux placée en garde à vue pour son enquête sur l’opération Sirli
MÉDIAS - Son média dénonce « atteinte inadmissible à la liberté de la presse ». La journaliste Ariane Lavrilleux, à l’origine de révélations fin 2021 au sujet de l’opération militaire Sirli en Égypte et de ses liens avec les forces armées françaises, a été perquisitionnée et placée en garde à vue ce mardi 19 septembre, a annoncé le média Disclose, qui a publié son article à l’époque.
Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP qu’une juge d’instruction menait actuellement ces opérations, « compte tenu de son statut de journaliste ». Celles-ci ont lieu dans le cadre d’une information judiciaire en cours depuis juillet 2022, ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la Défense nationale et divulgations d’identité de militaires et confiée à la DGSI.
🚨 Perquisition en cours au domicile de la journaliste de @Disclose_ngo, @AriaLavrilleux. Des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé notre journaliste en garde à vue.
Une nouvelle atteinte inadmissible au secret des sources ⤵ pic.twitter.com/i2e7O4PKBO— Disclose (@Disclose_ngo) September 19, 2023
« Je suis effarée et inquiète de l’escalade dans les atteintes à la liberté d’informer, et des mesures coercitives prises contre la journaliste de Disclose », a réagi Me Virginie Marquet, avocate d’Ariane Lavrilleux et du média d’investigation. « Cette perquisition risque de porter gravement atteinte au secret des sources de journalistes, dont je peux légitimement craindre qu’il a été totalement bafoué depuis ce matin. Disclose protégera sa journaliste qui n’a fait que révéler des informations d’intérêt public », a-t-elle ajouté.
Une « grave » atteinte à la liberté d’informer
De nombreux médias et journalistes ainsi que Reporters sans frontières (RSF) ont manifesté leur indignation sur le réseau social, évoquant une « entrave inacceptable à la liberté d’informer » et un « déni de démocratie » à quelques semaines des États généraux de l’information promis par l’Élysée.
#France🇫🇷 : RSF dénonce la garde à vue de la journaliste @AriaLavrilleux et la perquisition de son domicile & de son matériel informatique pour compromission du secret de la défense nationale. Nous craignons que les démarches de la DGSI ne portent atteinte au secret des sources. https://t.co/4BgaodEIf1 pic.twitter.com/hGvwS8eqmq
— RSF (@RSF_inter) September 19, 2023
« Grâce à son travail, Ariane Lavrilleux avait réalisé un reportage pour Complément d’Enquête sur cette opération militaire Sirli. La SDJ lui apporte son soutien et dénonce son placement en garde à vue, nouvelle atteinte à la liberté d’enquêter et d’informer », a tweeté la Société des journalistes (SDJ) de France Télévision. L’émission dans laquelle l’enquête avait été diffusée a aussi dénoncé « une atteinte au secret des sources et à la liberté d’informer ».
🔴 #ComplementDenquete apporte son soutien à @AriaLavrilleux, placée en garde à vue et perquisitionnée depuis ce matin pour son enquête sur l’opération militaire Sirli. @Disclose_ngo.
C’est une atteinte au secret des sources et à la liberté d’informer.— Complément d'enquête (@Cdenquete) September 19, 2023
Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française « Sirli », commencée en février 2016 au profit de l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien. Ce dernier se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.
Selon les documents obtenus par Disclose, « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018 » dans cette zone. Malgré les inquiétudes et alertes de certains responsables sur les dérives de l’opération, les autorités françaises n’auraient pas remis en cause la mission, d’après Disclose, citant des documents secrets.
À la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour « violation du secret de la défense nationale ». Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 avant qu’une juge d’instruction ne soit désignée à l’été 2022.
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