Le journaliste et éditorialiste Jacques Julliard est mort

Un jour, on lui a posé cette question presque enfantine : « D'où tenez-vous cette sensibilité ? » On lui soumettait l'idée que certains lisent mais ne font rien des acquis d'une lecture, qui n'est que loisir ou « évasion ». Idem pour les rencontres, qui ne sont que des « contacts » à entretenir. Nous étions dans le vestibule de sa maison de Bourg-la-Reine, jadis occupée par le socialiste Charles Andler, ami de Jaurès, qui lui a rendu visite.

Jacques Julliard tirait une certaine fierté de cette anecdote. Jaurès, le vrai, sous son toit ! Il semblait fatigué par plus d'une heure d'un entretien pour Le Point sur la gauche, la République, la France. Le triumvirat d'une vie engagée. Il s'est soudain emparé d'un trousseau de clés, a enfilé un gilet et nous a priés de le suivre. Après avoir descendu un escalier extérieur, il s'est arrêté devant un garage, situé sous sa maison. D'un geste lent, il ouvrit la porte, comme on ouvrirait celle d'un coffre-fort. « Voilà, j'ai ici l'essentiel de ce qui irrigue ma pensée », confiait-il, en nous priant d'entrer.

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Sur plusieurs mètres, des livres de toutes sortes étaient alignés et parfaitement classés sur des étagères en bois, en plus de ceux qu'ils conservent dans sa bibliothèque personnelle. De l'histoire, bien sûr, de la philosophie, de la science, du théâtre, de l'art, de la politique… Des vieux livres et des plus récents. La pensée de Julliard pr [...] Lire la suite