Jour de gloire: un film sur la présidentielle diffusée le soir de l'élection dont la fin dépendra du résultat

Un employé colle des affiches de campagne sur des panneaux électoraux à Saint-Herblain, près de Nantes, le 28 mars 2022 - Sebastien SALOM-GOMIS © 2019 AFP
Un employé colle des affiches de campagne sur des panneaux électoraux à Saint-Herblain, près de Nantes, le 28 mars 2022 - Sebastien SALOM-GOMIS © 2019 AFP

Un film de fiction tourné et diffusé en direct le soir du deuxième tour de la présidentielle et dont la fin dépendra du résultat de l'élection: c'est le principe étonnant de Jour de gloire. Un plan séquence d'1h05 diffusé sur Arte le 24 avril de 19h à 20h05 et diffusé en même temps, sur le site arte.tv, YouTube et Facebook, ainsi que dans une trentaine de cinémas en France.

Les acteurs apprendront le résultat de l'élection en temps réel

"Vous aurez le résultat en même temps que quelqu'un qui est en train de regarder les infos, mais à travers une fiction. C'est une façon plus poétique de suivre l'élection présidentielle", sourit l'un des coproducteurs, Florent Peiffer, dans un entretien à l'AFP. Il raconte les retrouvailles de deux frères, joués par Félix Moato et Julien Campani, dans leur village du Lot-et-Garonne le soir du deuxième tour, après la mort de leur mère.

À 20H00, ces frères politiquement opposés découvriront à la télévision le visage du ou de la président(e) nouvellement élu(e).

"Le défi, c'est d'avoir un timing d'une précision telle qu'on arrive pile-poil devant la télévision à ce moment-là. C'est très répété, ça n'est pas de l'impro", dit à l'AFP Jeanne Frenkel, qui coréalisera le film avec Cosme Castro.

Cet enchevêtrement entre fiction et réel implique que le scénario soit à la fois très précis et évolutif jusqu'au dernier moment.

L'imprévu

"Il est déjà écrit à 70% et le sera à 85% après le premier tour" le 10 avril, explique le coproducteur François Pécheux. "Pour les acteurs, c'est un truc de dingue, il y en a très peu qui prennent ce risque-là", juge Florent Peiffer, l'un des coproducteurs du plan-séquence

Car outre le résultat de l'élection, de nombreux paramètres peuvent influencer le cours du film, tourné essentiellement en plan-séquence, sans montage, avec une seule caméra.

"Même s'il y a quelque chose d'imprévu, ça fera partie du film. Le truc qui me fait le plus peur, c'est la météo", avoue Jeanne Frenkel. "On a des options, des plans A, B, C. On a un film en tête, mais en même temps on en a cinq!", s'amuse-t-elle. Cela a obligé l'équipe à prévoir une multitude de possibilités, charge aux acteurs de rester dans leur personnage quoi qu'il arrive.

"Des couches de défi"

"Pour les acteurs, c'est un truc de dingue, il y en a très peu qui prennent ce risque-là", souligne Florent Peiffer. "C'est pire que le théâtre car on est vraiment dans le réel, il y a un camion qui peut passer de façon imprévue, quelqu'un qui peut tomber, etc."

La musique sera elle aussi jouée en direct, par Flavien Berger, chouchou de la critique branchée et collaborateur régulier du duo Frenkel-Castro. Tous deux explorent depuis 7 ans ce concept de fictions tournées et diffusées en direct, qu'ils ont baptisées "métacinéma". Ils en ont quatre à leur actif, dont le court-métrage Adieu Bohème (2017, avec l'Opéra de Paris), mais aucune de l'ampleur de Jour de gloire. "À chaque projet, on rajoute des couches de défi, des figurants ou de la musique en live", commente Jeanne Frenkel. "C'est un savoir-faire, comme fabriquer une horloge".

Article original publié sur BFMTV.com