Joseph Stiglitz : “ il faut changer le mandat de la BCE “

C’est le livre qui vient bousculer la pensée économique dominante en zone euro. Dans “l’Euro : comment la monnaie unique menace l’avenir de ‘Europe“, l’Américain Joseph Stiglitz, Prix Nobel d‘économie, propose des solutions à la crise hors des sentiers battus. Oleksandra Valulina l’a rencontré à Paris. Oleksandra Vakulina, euronews : “L’action de la Banque centrale européenne est-elle suffisante ?“ Joseph Stiglitz, Prix Nobel d‘économie : “Je pense qu’il y a des limites à ce qu’une banque centrale peut faire. Donc le problème n’est pas tant la politique monétaire, même la meilleure – ce qui n’est pas le cas ici – mais même avec la meilleure politique, il aurait été pratiquement impossible de faire fonctionner la zone euro, même avec un décideur politique de génie.“ Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a appelé les gouvernements à se retrousser les manches pour épauler son action. Quand on demande à Joseph Stiglitz si cette démarche lui paraît censée, sa réponse est catégorique : “Je ne crois pas, non. Son diagnostic consiste à essayer de rejeter la faute sur les victimes. Quand il dit ‘les gouvernements’, la question est : quels gouvernements ? Si l’Allemagne devait gonfler son économie, laisser ses prix grimper plutôt que de faire porter le poids de l’ajustement à des pays comme l’Espagne et le Portugal, cela aiderait beaucoup. Mais la question fondamentale est la structure de la zone euro. Il faut changer le mandat de la Banque centrale européenne et créer d’autres institutions. Des pays particuliers ne peuvent pas résoudre le problème à eux seuls.“ Josef Stiglitz envisage notamment des divorces à l’amiable entre pays membres ou une zone euro à plusieurs vitesses, chaque groupe de pays homogènes utilisant un euro différent.