Joséphine Baker au Panthéon relance le débat sur l'entrée de Gisèle Halimi

PANTHÉON - La résistante, militante antiraciste et artiste Joséphine Baker fera son entrée au Panthéon le 30 novembre. Si l’entrée de l’artiste franco-américaine au mausolée républicain a été vivement saluée, cette annonce a aussi ravivé les braises encore chaudes du débat sur la panthéonisation de Gisèle Halimi.

En effet, la panthéonisation de l’illustre avocate morte en juillet 2020, pourtant ardemment réclamée par les féministes et plusieurs figures politiques, a été pour l’instant refusée par Emmanuel Macron. Motif invoqué: l’engagement de l’avocate contre la guerre d’Algérie et pour l’indépendance de ce pays pourrait “cliver” la société, la décision de panthéoniser Gisèle Halimi pouvant être considérée comme une “insulte” par certaines associations. Un collectif de femmes et de filles de harkis, auxiliaires de l’armée française lors de la guerre d’Algérie, s’est déjà dit opposé à cette éventualité.

Or, même si le président assurait en mai 2021 que la “réflexion” était encore “en cours”, le choix de panthéoniser Joséphine Baker semble pour certains être la preuve que l’exécutif a renoncé a faire entrer Gisèle Halimi.

“Je suis la seule à regretter que ce ne soit pas Gisèle Halimi qui fasse son entrée au Panthéon? Car le choix de Joséphine Baker, c’est aussi le refus de la choisir, elle. Je me trompe?”, s’interroge l’auteure et philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie sur Twitter.

″Évidemment, le tweet de Camille Froidevaux-Metterie est très juste”, estime de son côté le journaliste Jean-Michel Aphatie. “Gisèle Halimi a soutenu ceux qui voulaient vivre libres en Algérie. Le Panthéon lui est donc refusé, malgré ses actions en faveur des femmes. Ceci est très décevant. L’esprit ‘Algérie française’ n’est pas mort, hélas”, regrette-t-il.

Un avis notamment partagé par le député du Val d’Oise Aurélien Taché (LREM).

À noter que dans les commentaires, certains pointent du doigt le fait que Joséphine Baker est décédée en 1975 et Gisèle Halimi il y a “seulement” un an, ce qui, selon eux, pourrait expliquer un choix prioritaire.

Mobilisation pour la panthéonisation de Gisèle Halimi

En mai dernier, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, a rappelé qu’elle “militait” pour l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, cette “rebelle obstinée (...) qui a marqué l’histoire du féminisme et de notre pays”. “Je reste déterminée dans cet objectif, même si je sais que les processus de panthéonisation peuvent être longs et complexes car ils nécessitent dialogue et consensus”, avait alors commenté Elisabeth Moreno.

Jean-Luc Mélenchon avait lui aussi annoncé avoir demandé à Emmanuel Macron de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon.

Dans son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie (1954-1962), remis en janvier à Emmanuel Macron, l’historien Benjamin Stora avait préconisé la panthéonisation de Gisèle Halimi, décédée en juillet dernier à 93 ans. Cet honneur national est également réclamé par de nombreux militants féministes et de gauche.

“Deux pétitions”, dont l’une a recueilli plus de 32.000 signatures, ont été lancées suite au décès de Gisèle Halimi pour réclamer sa “panthéonisation”.

À voir également sur Le HuffPost: Gisèle Halimi au Panthéon: des militantes féministes manifestent à Paris

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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