Pour Jordan Bardella et Raphaël Glucksmann, les européennes se jouent aussi sur Instagram et TikTok
EUROPÉENNES - Le match dans le match. Jordan Bardella et Raphaël Glucksmann ne débattent pas seulement sur les plateaux de télévision ou de radio. Les têtes de liste du RN et du PS investissent d’autres terrains que les médias traditionnels pour mener leur campagne. Si les deux candidats sont nettement plus populaires sur Instagram et TikTok que leurs concurrents, ils n’ont pas la même recette pour atteindre ce succès.
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Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, leurs stratégies sont même carrément opposées, puisque chacun a son réseau de prédilection : TikTok pour Jordan Bardella et Instagram pour Raphaël Glucksmann.
« La particularité de Jordan Bardella c’est qu’il utilise pleinement les codes des RS, notamment sur TikTok il utilise beaucoup les trends [tendances], » analyse Romain Fargier, doctorant chercheur au Centre d’Études Politiques Et sociaLes (Cepel) de l’université de Montpellier.
L’influenceur contre le vulgarisateur
Pour le chercheur, Bardella joue à fond la carte de l’influenceur. Le contenu qu’il publie sur TikTok et Instagram est centré sur sa personnalité et met en scène une forme de spontanéité. Une stratégie de communication qui vise à le rendre sympathique. Et qui s’inscrit totalement dans celle menée par son parti depuis des années avec la fameuse dédiabolisation.
Résultat : un contenu dépolitisé, souvent sans fond, comme cette vidéo à plus de 4 millions de vues sur TikTok où on le voit simplement discuter avec Marine Le Pen. Mais qui est surtout à l’opposé de ce que fait Raphaël Glucksmann.
« Raphaël Glucksmann garde les codes des réseaux sociaux, mais c’est plus institutionnel. La direction artistique est très travaillée, avec des codes couleurs, etc., avec comme but de vulgariser des sujets politiques », explique Jérôme Fargier.
Le candidat de gauche qui a fermé son compte TikTok il y a quelques semaines met en avant son travail d’eurodéputé et tente de mobiliser sur des thématiques. En 2020, il avait par exemple lancé un mouvement contre l’oppression des Ouïghours. Il reprenait les codes d’Instagram en proposant aux utilisateurs de changer leur photo de profil en l’accompagnant d’un hashtag.
Un pari sur l’avenir
Mais ce succès va-t-il nécessairement se traduire dans les urnes ? Romain Fargier explique qu’il n’y a pas de corrélation démontrée. L’intérêt est donc à chercher ailleurs. Le chercheur explique qu’Instagram peut servir de « caisse de résonance ». Comme dans le cas de Raphaël Glucksmann qui, avec ses posts, parvient à mettre à l’agenda ses thématiques centrées sur les droits humains et la démocratie.
Outre la dédiabolisation, Jordan Bardella pourrait faire « une sorte de pari sur l’avenir », explique le doctorant. « Comme il n’est pas très vieux non plus [28 ans, NDLR], il peut peut-être se constituer une notoriété encore plus importante, notamment chez les jeunes électeurs ». Sans avoir la même stratégie ni les mêmes objectifs, Jordan Bardella et Raphaël Glucksmann ont bien compris que la campagne se jouait aussi sur ces réseaux-là.
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