Jonathan Haidt : « La dernière décennie aura été d’une stupidité exceptionnelle »

Pour l'auteur, l’histoire de Babel est la meilleure métaphore pour décrire ce qui est arrivé aux États-Unis dans les années 2010.
Pour l'auteur, l’histoire de Babel est la meilleure métaphore pour décrire ce qui est arrivé aux États-Unis dans les années 2010.

À quoi aurait ressemblé la vie à Babel juste après sa destruction ? Dans le Livre de la Genèse, il nous est raconté que les descendants de Noé avaient bâti une grande ville dans le pays de Shinar. Qu'ils avaient construit une tour « dont le sommet touche au ciel » afin de se faire un nom. Que Dieu avait pris ombrage de l'orgueil de l'humanité et avait dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu'ils n'entendent plus la langue, les uns des autres. »

Si la Bible ne dit pas formellement que Dieu détruit la tour, c'est ce que déduit la myriade d'interprétations populaires de cette histoire. Alors, gardons à l'esprit cette image dramatique : des gens errant au milieu de ruines, incapables de communiquer, condamnés à l'incompréhension mutuelle.

À mes yeux, l'histoire de Babel est la meilleure métaphore pour décrire ce qui est arrivé aux États-Unis dans les années 2010, et pour se faire une idée du pays fracturé dans lequel nous vivons aujourd'hui. Un truc a mal tourné, très salement et très vite. Nous sommes désorientés, incapables de parler la même langue ou de reconnaître la même vérité. Nous voilà coupés les uns des autres et coupés du passé.

Depuis un certain temps déjà, il est manifeste que les États rouges (votant majoritairement pour le Parti républicain) et le [...] Lire la suite