Joe Biden va s'entretenir avec Benjamin Netanyahu après la mort d'humanitaires à Gaza
Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont prévu de se parler au téléphone ce jeudi 4 avril. Le président américain s'était "indigné" mardi de la mort de sept travailleurs humanitaires dans une frappe israélienne à Gaza, et avait estimé dans un communiqué qu'Israël n'en faisait "pas assez" pour protéger les volontaires venant en aide à la population civile à Gaza.
"Le président Biden et le Premier ministre Netanyahu se parleront demain", a indiqué mercredi soir à l'AFP un responsable américain, confirmant des informations de presse.
La dernière conversation entre les deux dirigeants avait eu lieu le 18 mars, dans un contexte déjà tendu et qui n'a cessé de se crisper depuis, Washington ayant permis le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU fin mars d'une résolution appelant à un "cessez-le-feu immédiat" rejeté par Israël.
Israël reconnaît une "grave erreur"
Les États-Unis ont plusieurs fois mis en garde Israël contre une offensive terrestre majeure à Rafah, dans le sud de la Gaza, où plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge. La mort dans une frappe israélienne lundi de travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen basée aux Etats-Unis et ravitaillant la population gazaouie affamée, a encore accru le mécontentement américain.
Les dépouilles des six Occidentaux (une Australienne, un Polonais, un Américano-canadien et trois Britanniques), qui ont été tués avec un humanitaire Palestinien, ont été transférées mercredi en Egypte, où elles ont été remises aux représentants de leurs pays respectifs. L'armée israélienne a fait son mea culpa, son chef d'état-major Herzi Halevi reconnaissant "une grave erreur" qui "n'aurait pas dû se produire".
Les deux alliés ont promis de dialoguer à ce sujet, mais leurs échanges ont pris un faux départ, avec l'annulation la semaine dernière de la venue d'une délégation israélienne à Washington.
Pression sur le président américain
Les deux alliés ont promis de dialoguer à ce sujet, mais leurs échanges ont pris un faux départ, avec l'annulation la semaine dernière de la venue d'une délégation israélienne à Washington.
Depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, Joe Biden a offert un soutien inébranlable à l'offensive menée par Israël dans le petit territoire palestinien. Mais le démocrate de 81 ans, qui briguera sa réélection en novembre, fait face à des appels toujours plus pressants aux États-Unis pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours dans la bande de Gaza.
Selon un sondage Gallup paru il y a quelques jours, et mené au début du mois de mars, 55% des Américains désapprouvent désormais l'opération militaire israélienne à Gaza, contre 45% en novembre dernier.
Le président américain a refusé jusqu'ici de poser des conditions à l'aide militaire à Israël, et il demande que tout cessez-le-feu soit lié à une libération des otages encore détenus dans le petit territoire palestinien.
L'attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a fait 1.170 morts, essentiellement des civils, selon un nouveau décompte de l'AFP à partir de données officielles. D'après Israël, plus de 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza.
Les opérations israéliennes menées à Gaza en représailles ont fait au moins 32.975 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Depuis le début de la guerre, 196 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza, dont 175 de l'ONU, selon le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui ne cesse d'appeler à un cessez-le-feu.
Risque de famine à Gaza
A la suite de la frappe dont elle a été victime lundi, World Central Kitchen, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations, accroissant encore les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d'habitants.
A la suite de cette annonce, un second bateau chargé d'aide humanitaire est retourné à Chypre, d'où il était parti, alors qu'il était parvenu au large de Gaza, selon le site Vesselfinder.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé que la frappe israélienne contre les sept membres de l'organisation avait "les caractéristiques d'une frappe aérienne de précision, ce qui indique que l'armée israélienne avait l'intention de frapper ces véhicules".