Pour Joe Biden, Vladimir Poutine et le Hamas sont une menace « différente », mais ont un point commun

Le Hamas et le président russe Vladimir Poutine veulent « anéantir » les démocraties, a lancé jeudi soir Joe Biden, lors d’un discours à la nation.

Joe Biden s’adresse à la nation sur le conflit entre Israël et Gaza et l’invasion russe de l’Ukraine depuis le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 19 octobre 2023.
JONATHAN ERNST / AFP Joe Biden s’adresse à la nation sur le conflit entre Israël et Gaza et l’invasion russe de l’Ukraine depuis le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 19 octobre 2023.

INTERNATIONAL - Il appelle à l’unité pour combattre les adversaires de l’Amérique. En désignant le Hamas et Vladimir Poutine comme ennemis de la « démocratie », Joe Biden a joué à la fois sur l’orgueil de l’Amérique, « phare » dans le monde, ainsi que sur ses intérêts de sécurité, dans l’espoir de forger un consensus politique.

« Le (groupe islamiste palestinien) Hamas et (le président russe Vladimir) Poutine représentent des menaces différentes, mais ils ont ceci en commun : ils veulent tous deux complètement anéantir une démocratie voisine », a dit le président américain, au lendemain d’un voyage à Tel-Aviv.

C’est pourquoi il va demander dès vendredi au Congrès de financer « en urgence » une aide à Israël et à l’Ukraine, « nos partenaires essentiels ».

Un discours plein d’emphase

Pour sa seconde adresse à la nation depuis le Bureau ovale, le démocrate de 80 ans n’a pas lésiné sur l’emphase.

Le président, une manière aussi de vanter sa détermination face à un électorat que son âge rebute, a rappelé sa visite en février en Ukraine, la première du genre d’un chef d’État américain dans une zone de guerre n’étant pas sous le contrôle de sa propre armée.

« Quand je marchais dans Kiev avec le président (ukrainien Volodymyr) Zelensky, avec les sirènes d’alerte aérienne sonnant au loin, j’ai ressenti plus fortement que jamais ce que j’ai toujours cru : l’Amérique est un phare pour le monde. Encore aujourd’hui. Encore aujourd’hui. » « Nous sommes la nation essentielle », a-t-il encore affirmé, reprenant une expression de l’ancienne cheffe de la diplomatie Madeleine Albright.

Mais Joe Biden, candidat à sa réélection, a aussi affirmé que les États-Unis seraient davantage en sécurité « pour des générations » s’ils soutenaient sans hésiter à la fois Israël et l’Ukraine. « C’est un investissement intelligent », a-t-il assuré. « La direction que donne l’Amérique maintient la cohésion du monde. Les alliances de l’Amérique sont ce qui nous maintient, nous Américains, en sécurité. »

Des milliards pour Israël et l’Ukraine

« Nous ne pouvons pas laisser les mesquineries politiciennes et la colère se mettre en travers de nos responsabilités en tant que grande nation », a dit Joe Biden vers la fin de son discours.

Les appels généraux à l’unité sont une constante dans les discours du démocrate, mais le président américain faisait en l’occurrence référence à une urgence politique. Il doit composer avec un Congrès paralysé, à cause des querelles entre les trumpistes et les républicains modérés, incapables de former une majorité cohérente à la Chambre des représentants.

Selon le New York Times, Joe Biden va demander au Congrès 10 milliards pour l’assistance à la sécurité d’Israël, et 60 milliards pour continuer de soutenir l’effort de guerre ukrainien. En joignant les deux, il met sous pression le Parti républicain, dont une frange rechigne à dépenser encore pour l’Ukraine, alors que la droite est unanime pour demander une aide musclée à Israël.

Le président américain sait que le temps est compté : si le Congrès n’arrive pas à voter un budget annuel, les États-Unis vont droit à la paralysie budgétaire, le « shutdown », le 17 novembre.

Au-delà des divisions politiques, béantes, Joe Biden a aussi évoqué les risques de violence contre les juifs et les musulmans aux États-Unis, découlant de la guerre entre Israël et le Hamas. « Les familles juives s’inquiètent d’être prises pour cible », a-t-il déclaré, en dénonçant à nouveau l’« horreur » de l’attaque du groupe palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.

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