Joe Biden fixe une condition à la livraison d’armes à Israël, une première

Joe Biden, ici dans le Wisconsin, le 8 mai 2024.
MANDEL NGAN / AFP Joe Biden, ici dans le Wisconsin, le 8 mai 2024.

INTERNATIONAL - C’est un avertissement sans frais inédit. Joe Biden a fait savoir mercredi 8 mai qu’il « ne livrerait pas » certaines armes à Israël, dont les États-Unis sont le premier soutien militaire, en particulier des « obus d’artillerie », en cas d’offensive majeure contre Rafah. C’est la première fois que le président américain pose ainsi publiquement des conditions au soutien militaire américain à Israël.

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« S’ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (...) contre des villes », a dit le démocrate de 81 ans dans un entretien avec la chaîne CNN. « Nous ne livrerons pas les armes et les obus d’artillerie qui ont été utilisés » jusque-là, a encore déclaré Joe Biden.

Interrogé sur la décision américaine de suspendre la semaine dernière la livraison d’une cargaison de bombes, il a commenté : « Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes » américaines, et ajouté : « C’est mal. » Il a toutefois assuré que les États-Unis continueraient à « assurer qu’Israël est protégé par le Dôme de fer », son bouclier de défense antiaérienne.

« C’est une déclaration très dure à entendre et décevante de la part d’un président à qui nous avons été reconnaissants depuis le début de la guerre », a réagi l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, à la radio publique israélienne. « Il est assez clair que n’importe quelle pression sur Israël, n’importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d’alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis » et « leur donne espoir », a-t-il ajouté.

La question de la ligne rouge à Rafah

Par ailleurs, interrogé sur l’opération militaire qu’Israël a d’ores et déjà lancée à Rafah, localité du sud de la bande de Gaza où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés, Joe Biden a dit qu’elle ne touchait pas des « centres de population », laissant donc entendre qu’il ne s’agit pas là d’une offensive majeure exigeant une réaction de sa part.

Interrogé pour savoir si Israël avait déjà franchi une ligne rouge à Rafah, il a répondu : « Pas encore. » « Je l’ai dit clairement à “Bibi” (le Premier ministre Benjamin Netanyahu, NDLR) et au cabinet de guerre, ils n’auront pas notre soutien s’ils entrent vraiment dans les centres de population », a encore affirmé le président américain. « Nous ne prenons pas nos distances avec la sécurité d’Israël, nous prenons nos distances avec la capacité d’Israël de faire la guerre dans ces zones », a-t-il ajouté.

« Si Israël est empêché d’entrer dans une zone aussi importante que le centre de Rafah, où il y a des milliers de terroristes, d’otages et les dirigeants du Hamas, comment l’objectif d’anéantir le Hamas est-il censé être atteint ? », a interrogé en réaction l’ambassadeur israélien à l’ONU. « Au final, l’État d’Israël fera ce qu’il pense doit être fait pour la sécurité de ses citoyens », a-t-il affirmé.

Joe Biden a endossé le rôle de premier soutien à Israël à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, mais sa relation avec Benjamin Netanyahu a connu plusieurs épisodes de forte tension, et pourrait atteindre un point de rupture autour de la question de Rafah.

Selon un haut responsable américain sous couvert d’anonymat, une cargaison composée « de 1 800 bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 1 700 bombes de 500 livres (226 kg) » a été suspendue la semaine dernière.

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