« La Joconde » aspergée de soupe : peut-on vraiment opposer l’art à la vie ?

Au Louvre, La Joconde est protégé d'une vitre blindée.  - Credit:Aurore Maréchal/Abaca
Au Louvre, La Joconde est protégé d'une vitre blindée. - Credit:Aurore Maréchal/Abaca

« Qu'est-ce qu'il y a de plus important ? L'art, ou le droit à une alimentation saine et durable ? Notre système agricole est malade. Les agriculteurs meurent au travail. Un Français sur trois ne fait pas tous ses repas tous les jours. » À entendre les militantes qui ont pourtant gaspillé cette soupe en en aspergeant, au Louvre, La Joconde (qui n'en mange pas), il faudrait punir l'art tenu pour responsable de la souffrance des agriculteurs et de la faim dans le monde. Alors que l'art ne peut être tenu responsable, à la rigueur, que de la faim dont souffrirent nombre d'artistes qui le choisirent, lui, plutôt que le confort et un ventre bien rempli. Le pauvre Van Gogh le premier, qui eut pourtant, via ses Tournesols, à subir lui aussi un injuste attentat à la soupe, en 2022, à Londres.

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Opposer l'art à la vie ou au souci de la nature est une bien étrange façon de penser, et une vraie méconnaissance de l'art, et de la vie d'ailleurs, tant les artistes ont souvent célébré la vie et la nature, au point de vouloir l'imiter. « Va prendre tes leçons dans la nature », énonçait d'ailleurs Léonard de Vinci, dont La Joconde vient d'être « ensoupée ». Et cette imitation remonte à loin, et allait loin, à en croire le grand savant romain Pline l'Ancien à propos du prodigieux artiste grec Zeuxis. Au IVe siècle avant notre ère, ce dernier peignait en effet les grappes de raisin avec tant de réalisme que les oise [...] Lire la suite