JO de Paris 2024 : comment la promesse de transports en commun gratuits est tombée à l’eau

Valérie Pécresse a déclenché une polémique en annonçant une très forte hausse du coût des transports en commun en Île-de-France durant les Jeux olympiques.

JO DE PARIS 2024 - C’est une promesse qui figurait en belle place dans le dossier de candidature victorieux déposé en 2017 : dans le but de rendre les Jeux olympiques plus verts et éviter un trop grand encombrement des routes et parkings, les transports en commun devaient être gratuits pour tous les possesseurs de billets pour les épreuves. Sauf que six ans plus tard, une annonce est venue semer le trouble par rapport à cette idée ambitieuse.

Au motif qu’il n’est « pas question que les Franciliens financent les Jeux olympiques », la présidente de la région et d’Île-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, a fait savoir lundi 27 novembre que les transports allaient au contraire voir leur prix exploser pour la durée de l’événement planétaire. Une mesure qui vise à financer le coût d’une offre de transports « augmentée considérablement ».

200 millions d’euros à trouver

Évoquant un coût supplémentaire de 200 millions d’euros, du fait des quelque 10 millions de spectateurs à acheminer jusqu’aux différents sites franciliens, pour l’organisme qui gère les transports en région parisienne, l’ancienne ministre a ainsi annoncé une tarification spécifique. Et très largement revue à la hausse : 4 euros pour le ticket T+ de base contre 2,10 € actuellement, 32 euros le carnet de dix billets contre 16,90 en temps normal, 16 euros pour se rendre à l’aéroport d’Orly contre 11 aujourd’hui, et ainsi de suite.

Dans toute cette offre, seul le forfait toutes zones permettant un nombre de trajets illimités reste peu ou prou accessible au même prix qu’actuellement (16 euros par jour et 70 la semaine). Ce « pass Paris 2024 » sera même moins cher que l’offre existant actuellement si l’on compte se rendre sur les sites les plus éloignés du centre de la capitale, à Versailles, Disneyland ou sur le site des épreuves de canoë en ligne de Vaires-sur-Marne par exemple. À titre d’exemple, un aller-retour entre le centre de Paris et cette ville de Seine-et-Marne en prenant un bus ou un métro puis le RER reviendrait à l’heure actuelle à plus de18 euros.

Une nouvelle tarification qui fait pourtant grincer des dents, d’autant qu’elle s’ajoute à plusieurs polémiques successives sur le coût des billets pour les différents événements sportifs et à une flambée annoncée du prix des logements pour la durée des Jeux.

Une promesse martelée en 2017

Surtout, donc, que la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques en 2024 promettait dès 2017 la gratuité des transports en commun. Plusieurs extraits du dossier présenté à l’époque par la France au Comité international olympique sont ainsi largement partagés sur les réseaux sociaux ce mardi 28 novembre.

Et effectivement, dans la section 3.9, en page 124 du projet, dédiée au volet transports, on pouvait lire en 2017 que « tous les détenteurs de billets pourront voyager gratuitement sur l’ensemble du réseau d’Île-de-France le jour de la compétition concernée ».

Et les futurs organisateurs de marteler la « double ambition » servie par cette mesure : à la fois « favoriser les transports en commun et ainsi réduire les émissions de carbone », et « offrir une alternative satisfaisante à l’usage de la voiture, réduisant ainsi la circulation routière et le besoin en parkings à proximité des stades ». Un élément au cœur du projet parisien, qui a notamment été construit sur l’idée de rendre l’intégralité des sites sportifs accessibles en transports en commun.

Paris 2024 veut enrayer la polémique

Après les annonces de Valérie Pécresse, l’organisation des Jeux a tenu un point presse ce mardi 28 novembre pour répondre à la polémique. L’organisation y a notamment expliqué que l’abandon de la gratuité des transports pour les possesseurs de billets pour les Jeux remontait en fait à décembre 2022. « En lien avec notre volonté de maîtrise budgétaire », a précisé Michaël Aloïsio, le porte-parole de Paris 2024, cette ligne a donc été sortie du budget.

Au départ, le coût de la prise en charge des billets par l’organisation avait été chiffré à 45 millions d’euros, en lien avec Île-de-France Mobilités, a encore fait savoir le porte-parole. Qui a précisé que l’abandon d’une telle promesse était « la vie normale de ce type de projet », arguant du fait que le budget prévisionnel avait été établi fin 2015 et qu’il avait logiquement dû être révisé des années plus tard, surtout dans « le contexte d’inflation » actuel.

Surtout, les organisateurs des Jeux ont tenu, face à la polémique, à défendre la solution de la présidente de région. À savoir que « pour les Franciliens », sous-entendu qui disposent déjà d’un abonnement aux transports, cela ne « changera rien », et que pour les autres spectateurs, les « pass Paris 2024 » sont moins chers que l’équivalent actuel. « Et même ceux qui achèteront des billets à l’unité, ils auront plusieurs mois pour le faire à prix normal », a encore déclaré Michaël Aloïsio, rappelant que la tarification spécifique n’entrera en vigueur qu’en juillet 2024, et qu’il est possible d’anticiper les achats de billets.

Le porte-parole de Paris 2024 a terminé en répétant que le grand public devrait donc bien payer pour emprunter les transports en commun l’été prochain, « comme sur la plupart des grands événements de ce type ».

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